Le 16 mai 2025
Si la question de la fin de la guerre est très souvent abordée du côté des Français, le film de Fatih Akin prend le risque de l’envisager du côté des Allemands à travers le regard d’un enfant. Un film profond malgré une mise en scène trop conventionnelle et sage.


- Réalisateur : Fatih Akin
- Acteurs : Diane Kruger, Jasper Billerbeck, Laura Tonke, Kian Köppke
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Amrun
- Date de sortie : 24 décembre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, Cannes Première
Résumé : Printemps 1945, sur l’île d’Amrum, au large de l’Allemagne. Dans les derniers jours de la guerre, Nanning, douze ans, brave une mer dangereuse pour chasser les phoques, pêche de nuit et travaille à la ferme voisine pour aider sa mère à nourrir la famille. Lorsque la paix arrive enfin, de nouveaux conflits surgissent, et Nanning doit apprendre à tracer son propre chemin dans un monde bouleversé.
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Quand on parle de la fin de la guerre en France, la tendance résolument patriotique est de l’envisager comme une victoire, dans un pays où les citoyens n’auraient jamais voté pour Pétain et ni cautionné le gouvernement de Laval. Fatih Akih prend le risque d’ouvrir cette page de l’Histoire allemande encore sensible où il aborde le sujet à travers le regard d’un jeune garçon, fils et neveu d’une famille très engagée pour le parti nazi. Sa mère a fui Hambourg pour se réfugier dans la maison de villégiature, sur l’île d’Amrum, où ses enfants et elle bénéficient des largesses des habitants en matière de nourriture du fait même de leur parti pris politique. On imagine alors que la capitulation allemande sonne le glas d’un favoritisme terminé et d’un mépris affiché des populations locales à leur égard.
- Copyright 2025 Bombero International GmbH & Co. KG / Rialto Film GmbH / Warner Bros. Entertainment GmbH / Mathias Bothor
Le plus intéressant dans cette œuvre demeure le choix du réalisateur de traiter le sujet par le biais d’un enfant, occupé à trouver pour sa mère du miel, du sucre, du beurre et du pain blanc. En effet, elle vient d’accoucher d’une fille, le moral est bas, peut-être du fait des suites de la grossesse, mais surtout d’une page qui se tourne définitivement pour sa famille en matière historique. On le voit alors parcourir la grève à marée basse et tenter de troquer des denrées alimentaires rares pour les habitants. Le gamin fait partie malgré lui des Jeunesses hitlériennes et son appartenance à ce mouvement le met peu à peu en conflit avec les iliens.
On se souvient des premiers films de Fatih Akin qui traitaient de l’exil et de la fuite. Ici, la question de l’échappée belle pour une famille bourgeoise, privilégiée, ayant vendu son âme au diable nazi, se pose dans les mêmes manières. Le palais doré qu’ils occupent dans la villégiature du l’île d’Amrum raconte un exil, une impossibilité d’être chez soi quelque part, avec notamment ces enfants de l’école qui se moquent du petit Nanning et l’accusent d’être un étranger. D’autres enfants débarqués de Pologne sont rejetés et doivent survivre dans des squats de fortune. Le réalisateur profite de son regard mixte entre ses racines turques et sa nationalité allemande pour questionner une nouvelle fois les problématiques identitaires, avec ce récit d’une installation à jamais précaire. In the Fade traitait déjà les questions d’appartenance culturelle et le cinéaste récidive mais en appuyant cette fois son propos sur des enjeux politiques et nationalistes.
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Une enfance allemande - Île d’Amrum, 1945 est de loin le meilleur film du réalisateur. La facture classique de la mise en scène manque un peu de rythme et d’originalité pour un thème pourtant éminemment grave et important. Rares sont les longs métrages qui abordent de façon aussi frontale le souvenir encore douloureux pour l’Allemagne d’un passé dictatorial ayant conduit aux horreurs que l’on connaît. La dimension de la barbarie est explicitée nettement chez les habitants qui ne doutent pas une seule seconde de l’existence des camps de la mort là où, en France, la propagande officielle laisse souvent penser que personne n’avait connaissance des arrestations sommaires des juifs et de la boucherie de masse qu’ils ont subis. Cela ne fait pas de ce récit un film militant ou politique. Seulement peut-être un long fleuve romanesque où les constructions personnelles se heurtent au regard d’autrui.
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