Le 1er juillet 2018
Dans la lignée de la saison 1, douze épisodes souvent haletants.


- Acteurs : Itzik Cohen, Sadhi Marei, Lior Raz, Laëtitia Eïdo
- Genre : Drame, Action, Thriller, Espionnage
- Nationalité : Israélien
- : Wild Side Video
- Durée : 12 x 40 minutes environ

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Sortie DVD : le 4 juillet 2018
Résumé : L’unité des forces spéciales israéliennes poursuit Nidal al-Maqdisi, militant de l’État islamique.
Notre avis : Nouvel arc narratif, nouveau méchant, même équipe (ou à peu près, un décès survient à la fin du premier épisode) : on retrouve dans la saison 2 ce qui nous avait plu dans la précédente, mais si le charme opère encore, les limites apparaissent plus nettement. Limites idéologiques d’abord : même si le scénario veille à traquer les failles des Israéliens, ils sont globalement du bon côté et la violence létale est surtout le fait des Arabes. Limites esthétiques ensuite : rien de bien neuf, éclairage glauque, caméra portée, montage abrupt. Très peu d’invention sur ce plan, même si, de ci de là, une idée (la mort hors-champ d’un indicateur) vient rappeler qu’une série est aussi affaire de mise en scène. Limites narratives enfin : on atteint là les défauts des qualités, c’est à dire que la tension perpétuelle tourne parfois au systématique et a tendance, faute d’apports, à déshumaniser les personnages.
Mais justement, cette tension exacerbée fait le prix d’une série construite avec une rigueur toute mathématique, excluant le petit détail inutile, se concentrant sur l’affrontement (ou plutôt les affrontements, internes et externes) sans jamais dévier. C’en est même impressionnant : Fauda (rappelons que ce mot signifie « chaos » en arabe) tient à la manière d’une série B d’antan, par le retranchement de tout épiphénomène superflu. Même s’il y a un petit creux (épisode 8), pour l’essentiel, cette traque de Nidal, par moments survitaminée, tient par un enchaînement de faits et de leurs conséquences, dans lequel chaque élément, jusqu’au minime (un collier, une tablette de chocolat), fait progresser l’action vers un dénouement sans cesse retardé et qui explose dans un final nerveux. Rien de plus, pas de conclusion, pas de nouveau départ : la fin garde une sobriété salutaire.
On peut certes regretter quelques facilités scénaristiques, notamment dans la multiplication des opérations qui échouent ou ne réussissent qu’à demi, mais, outre le fait qu’elles sont bien menées et singulièrement efficaces, elles dessinent un monde chaotique, violent, où tous les coups sont permis. La torture et le chantage s’y exercent sans scrupules, sous le regard impassible des drones, caméra de surveillance ou d’espionnage. Le renseignement, vrai enjeu de cette guerre implacable, s’y obtient par la menace (provoquer un avortement), le chantage, les coups et la bande de Doron n’hésite pas à exécuter des seconds couteaux ou une foule agressive.
Pour autant, si la série se déroule dans un contexte explicite (la guerre Israéliens / Palestiniens, la rivalité Daech / Hamas), le scénario a l’intelligence d’incarner chaque clan par des personnages un peu plus fouillés qu’à l’accoutumée, et qui gagnent en densité au fur et à mesure que les drames s’abattent sur eux. Ainsi Doron devient-il plus humain jusqu’à penser qu’il « sème la mort autour de lui », comme la malédiction d’un guerrier dont la vie professionnelle contamine pour le pire la vie privée. De ces épreuves il ressort brisé, cabossé, plus seul. Rien de bien joyeux donc, d’autant que les traits d’humour sont rares et pas très convaincants.
En personnalisant ainsi les camps, l’histoire gagne en adhésion, sans aucun doute, et se permet des limites dans le manichéisme qui imprègne les premiers épisodes : Doron apparaît très vite comme le double inversé de Nidal, en proie aux mêmes tracasseries des supérieurs, aux mêmes accès de violence, à la même froide détermination : leur dernier face à face explicite ce lien qui, pour n’être pas neuf, n’en est pas moins efficace.
Au total donc, cette série âpre et sombre, si elle ne révolutionne pas le genre, a l’originalité de son cadre à la fois politique et géographique, et parvient sans mal à susciter un intérêt constant : l’arc narratif est assez puissant pour tenir en haleine le long des 12 épisodes (ou peu s’en faut) bien que l’effet de surprise de la première saison ait disparu. Mais sa grande réussite est de ne jamais (ou presque) dévier de son programme qui est, à travers des situations la plupart du temps duelles, de raconter un univers de menace permanente : laisser son père seul, renier une femme, s’entraîner au combat, emmener son fils au judo, chaque décision peut mener à la catastrophe ou à l’affrontement en un déroulé logique et tragique, au sens où une fatalité pèse sur ces deux pays en état de guerre perpétuelle.
Les suppléments :
Pas grand-chose : la bande-annonce de la saison un, et de très courts modules sur le rapport entre la série et la réalité (10mn en tout) et la présentation sommaire de quelques personnages par leurs interprètes.
L’image :
La copie, dans les limites du support, rend bien une esthétique délavée et sobre. Dans ce cadre, la copie est fidèle et lisse. Rien d’exceptionnel, mais du travail solide.
Le son :
Comme pour la première saison, la VO propose des sous-titres de couleurs différentes selon la langue parlée (jaune pour l’arabe, blanc pour l’hébreu). Les dialogues sont limpides, et les passages dans lesquels la musique se fait forte ont suffisamment d’ampleur pour exacerber la tension.
Galerie Photos
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