Le 17 novembre 2025
Manifestement, il n’y a qu’un pas entre le deuil et le basculement dans la prostitution et les relations masochistes. Hélas, tout cela n’est pas très crédible.
- Réalisateur : Alexe Poukine
- Acteurs : Bernard Blancan, Anaël Snoek, Makita Samba, Ethelle Gonzalez Lardued, Manon Clavel, Suzanne Elbaz, Thomas Coumans
- Genre : Drame
- Nationalité : Belge
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h50mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 12 novembre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Alors qu’elle est enceinte, Kika perd brutalement l’homme qu’elle aime. Complètement fauchée, elle en vient à vendre ses petites culottes, avant de tenter sa chance dans un métier… déconcertant. Investie dans cette activité dont elle ignore à peu près tout, Kika entame sa remontée vers la lumière.
Critique : Kika aime-t-elle vraiment son mari ? Il y a de quoi douter car la jeune mère d’une fille unique a succombé à une relation adultère dont elle attend maintenant un enfant. Mais les choses s’accélèrent car le pauvre époux décède brutalement d’un AVC. Commence alors pour l’héroïne une longue galère qui va la conduire à se prostituer et intégrer un réseau sadomasochiste sur le Net. Voilà donc en quelques lignes le synopsis d’un récit qui d’emblée paraît des plus improbables.
Déjà, pourquoi un tel prénom, Kika, dont la seule évocation rappelle l’œuvre inimitable de Pedro Almodóvar ? Il y a chez la cinéaste une ambition romanesque certaine qui s’articule autour d’un personnage féminin, haut en couleurs, mais dont les presque deux heures ne parviennent pas à percer tous les mystères. À la base, la jeune femme est assistante de service social dans un organisme qui ressemble à ce qu’on connaît chez nous dans les Caisses d’allocations familiales ou les centres médico-sociaux. Elle se bat avec panache pour les personnes privées de logement, leur ouvre des droits, jusqu’à ce qu’elle-même se retrouve en grande difficulté sociale et financière. Et au lieu de recevoir des aides, elles décide de se livrer à une forme de prostitution à destination de clients qui s’adonnent à des plaisirs bien particuliers. Kika n’est pas à mettre devant les yeux de tout le monde tant la réalisatrice ne se prive d’aucune fantaisie en matière de fétichisme sexuel. Habituée aux documentaires, Alexe Poukine a dû arpenter de nombreux réseaux de prostitution pour parvenir à ce florilège parfois scabreux de fantasmes érotiques.

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La première fiction d’Alexe Poukine ne fonctionne pas. Le spectateur ne comprend pas grand-chose des motivations psychologiques de la protagoniste qui passe par une multitude de postures où elle est autant capable de se dévouer corps et âme pour une pauvre SDF que de s’adonner à des activités scatologiques avec certains de ses clients. On peut tout à fait envisager, et ce n’est pas nouveau au cinéma, le portrait d’une femme sadomasochiste mais la mise en scène hésite entre le voyeurisme forcené et une certaine désinvolture dans la description de l’héroïne. Une partie de l’histoire cède d’ailleurs à une collection pratiques sexuelles dont on peut connaître l’existence mais qui n’apporte rien en matière cinématographique et narrative.

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De même, le film souffre d’un esthétisme rougeoyant faisant songer aux téléfilms érotiques qui, dans les années 1990, terminaient les soirées télévisuelles du dimanche soir. Le comble sans doute demeure que la réalisatrice laisserait presque penser que la prostitution est une occupation professionnelle comme une autre, parfaitement assumée par les femmes qui n’y voient que du bonheur, au point de comparer le plaisir qu’elle distille à une aide sociale semblable à celle que Kika alloue à ses bénéficiaires. Il ne s’agit pas de tomber dans le moralisme mais il y a quelque chose de choquant dans cette sorte de défense des pratiques sexuelles tarifées.
Il faut toutefois saluer l’interprétation de la comédienne principale, Manon Clavel qui propose un vrai rôle de composition, en dépit des nombreuses zones d’ombre de son personnage. Tour à tour attachante, peureuse, malheureuse et exubérante, elle apporte une bouffée d’air qui compense presque les carences du scénario. Les nombreux personnages secondaires semblent plus insipides, moins relevés, éloignant de fait des prouesses et des vertiges du fameux cinéaste espagnol. Non, cette Kika n’a pas l’épaisseur du personnage interprété par Victoria Abril et la référence au titre du film de 1994 en devient presque gênante.
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