Le 23 mai 2025
Splendide sur les plans narratif et visuel, ce bijou du nouveau prodige du cinéma chinois n’est pas d’un abord facile mais ravira les spectateurs acceptant de se livrer à une envoûtante expérience artistique.


- Réalisateur : Bi Gan
- Acteurs : Shu Qi, Hao Lei / Hǎo Lěi, Zhang Yi, Mark Chao, Zijian Dong, Huang Jue, Lee Hong-chi, Jackson Yee
- Genre : Drame, Science-fiction, Fantastique, Expérimental, Policier
- Nationalité : Français, Chinois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 2h40mn
- Titre original : Kuang ye shi dai
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, En compétition
Résumé : Une femme s’est catapultée dans un futur post-apocalyptique, où elle va chercher à réparer un homme mi-robot, mi-humain, en lui contant de manière métaphorique des pans de l’histoire chinoise. Elle devra par la suite choisir entre revenir au monde réel ou rester seule avec cet être bionique pour lequel elle commence à éprouver des sentiments.
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Annoncé tardivement en compétition officielle cannoise 2025, en raison d’une question de visa, Résurrection est le film le plus envoûtant de Bi Gan, réalisateur chinois majeur, révélé avec son premier long métrage, Kaili Blues, sorti en France en 2016. Il avait ensuite créé l’événement dans la section Un Certain Regard 2018 avec Un grand voyage vers la nuit. Se référant à la littérature de Modiano aussi bien qu’à la peinture de Chagall, cette œuvre inclassable, qui croisait le polar et le romanesque, se caractérisait par une fascinante construction déstructurée. Pour son troisième long métrage, Bi Gan place la barre encore plus haut. D’une durée de 2h40, le long métrage se mérite, en ce sens qu’il n’est pas facile d’accès, et le claquement de certains sièges pendant les projections cannoises en atteste. Mais pour qui se laissera bercer par l’atmosphère hors norme du film et sa richesse inouïe, le bonheur de cinéma sera indéniable. Dans un futur post-apocalyptique (nous sommes au deuxième tiers du XXIe siècle), une femme s’est retrouvée presque inconsciente après avoir été opérée du cerveau. Elle découvre dans ce monde dévasté le corps inerte d’un androïde, qu’elle tente de ranimer. À cette fin, elle lui narre, toutes les nuits, des récits tirés de l’histoire de la Chine. La talent de conteuse de la femme réactive progressivement les sens du robot...
- © 2025 Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Ne comptez pas sur le scénario de Bi Gan pour être éclairé sur le maoïsme ou la politique agricole de Deng Xiaoping... L’objectif du cinéaste est tout autre et le cadre historique, inséré dans une approche privilégiant le fantastique et l’onirisme, est davantage un prétexte qu’une fin en soi. Même si le récit respecte une certaine linéarité (la dimension temporelle n’est pas vraiment éclatée), Résurrection est davantage axé sur un enchaînement de péripéties et de mises en abyme qu’au déroulement d’une intrigue classique. Des années 1910 à la Chine transformée de la période actuelle, le spectateur est entraîné dans un univers mêlant murmures, bains de sang et comportements métaphoriques. Résurrection n’est pas de tout repos et il faut s’accrocher pour en saisir tous les tenants et aboutissants, ainsi que le sens caché de tous ses symboles. En ce sens, le film fait écho à plusieurs monuments riches de signification de l’histoire du septième art, tels que L’année dernière à Marienbad ou La clepsydre. On est vite subjugué par un montage vertigineux, et ce dès la première demi-heure, qui revisite les codes du muet, et pourrait laisser penser à un pendant expressionniste de The Artist. Pendant tout le film, plans longs, mouvements de caméra flottants, jeu sur les couleurs ou expérimentations de bruitage confirment le sens visuel et sonore d’un cinéaste qui ne tombe cependant pas dans l’effet de style gratuit.
Et il se voit entouré de collaborateurs techniques et artistiques inspirés, comme le directeur photo Jingsong Dong (Le lac aux oies sauvages) et le groupe français M83 pour la bande originale. Par ailleurs, on est stupéfait par le recours subtil à de nombreuses références de cinéma, conscientes ou non, de Hitchcock à Melville en passant Cocteau... Enfin, les amateurs se feront un plaisir de reconnaître quelques-uns des visages familiers du cinéma asiatique. Autour de Shu Qi (The Assassin) et Jackson Yee (Full Red River), qui jouent le couple central, plusieurs interprètes irradient l’écran, tels Marc Chao (Her Story), Zhang Yi (Black Dog), Zijian Dong (Au-delà des montagnes), Lei Hao (Une jeunesse chinoise), Huang Jue (Savage) et Lee Hong-chi (Face à la nuit). Même s’il sera permis de décrocher par instants devant cette œuvre qui mène hors de sa zone de confort filmique, Résurrection est indiscutablement un long métrage majeur qui coche toutes les cases du futur film culte.
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