Le 18 juillet 2025
Un premier long métrage prometteur, au dispositif singulier, et d’un touchant témoignage sur le deuil et le pardon.
- Réalisateur : Maxime Jean-Baptiste
- Acteurs : Melrick Diomar, Nicole Diomar, Yannick Cébret
- Genre : Drame, Teen movie, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Alchimistes Films
- Durée : 1h17mn
- Date de sortie : 16 juillet 2025
- Festival : Festival de Locarno 2024
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Résumé : Melrick a treize ans. Il passe ses vacances d’été chez sa grand-mère Nicole à Cayenne, en Guyane et apprend à jouer du tambour. Mais sa présence fait soudain resurgir le spectre de son oncle, ancien tambouyé tué dans des conditions tragiques. Confronté au deuil qui hante toute la communauté, Melrick cherche sa propre voie vers le pardon.
Critique : C’est le premier long métrage de Maxime Jean-Baptiste, qui lui a permis de remporter deux prix au Festival de Locarno 2024. Réalisateur vivant entre Paris et Bruxelles, éduqué au cœur de la communauté guyanaise et antillaise, il avait auparavant signé des courts métrages révélant son intérêt pour l’histoire coloniale française et les séquelles des traumatismes du passé. Coécrit avec sa sœur, Audrey Jean-Baptiste, le scénario repose sur un matériau familial lié à un fait divers tragique qui avait secoué la Guyane en 2012 : le meurtre de Lucas Diomar au cours d’une rixe dans une cité. Le jeune homme n’était autre que le cousin du cinéaste. Initialement, Maxime Jean-Baptiste souhaitait entreprendre un documentaire classique autour de proches, à savoir Nicole, la mère de Lucas, Melrick, son neveu, et Yannick, son meilleur ami. Très vite, le réalisateur, pour briser le piège émotionnel et mettre à l’aise les protagonistes dont lui-même, a opté pour une fiction dans laquelle ceux qui ont connu Lucas joueraient leur propre rôle.

- © Arthur Lauters
Il précise ainsi dans le dossier de presse : « Nous nous sommes rendu compte que cette histoire portait en elle une véritable dimension tragique. Et cette tragédie-là, nous pouvions parfois la ressentir plus fortement dans un registre purement narratif. Cela a vraiment fonctionné. Les trois personnages principaux du film se sont retrouvés plus libres en étant conscients qu’ils jouaient parfois un rôle. Cela leur permettait aussi de créer une distance. Ce n’était pas juste eux, nus, qui transmettaient des émotions, mais c’étaient aussi des personnages parlant avec d’autres personnages ayant peut-être vécu des expériences similaires. » Ce dispositif de « documenteur », qui a déjà inspiré des cinéastes, était sans doute celui qui convenait le mieux à ce récit. Car le résultat est saisissant, avec une belle réflexion autour de la mémoire, du deuil et du pardon, qui convoquera le souvenir de beaux documentaires axés sur la mémoire familiale, comme Elle s’appelle Sabine de Sandrine Bonnaire ou Carré 35 d’Éric Caravaca.

- © Arthur Lauters
La vivacité d’esprit du jeune Melrick, qui est un peu l’alter ego du réalisateur (les deux sont nés en France métropolitaine), l’humanité exemplaire de Nicole et la douleur sincère de Yannick sont de beaux moments de cinéma, qui ne tombent jamais dans la complaisance, la sensiblerie, ou le discours militant sur les conséquences dramatiques de la précarité en Guyane. Quelques images d’archives et des moments aux confins de l’onirisme débouchent sur un autre décalage pour ce film accordant également une place centrale à la musique, le tambour permettant à Melrick de renouer avec sa culture d’origine. On peut aussi préciser que Kouté vwa évite à la fois les clichés touristiques et l’image simpliste véhiculée sur la Guyane par certains médias, tout en contournant tant la facilité romanesque que le piège de l’ésotérisme. Et même si l’on aurait souhaité davantage de développement dramatique pour ce premier long métrage subtil et insolite, Kouté vwa est donc prometteur et mérite indiscutablement le détour.
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