La loutre et l’enfant
Le 29 janvier 2019
A mi-chemin entre film de fiction et documentaire animalier, ce premier long-métrage du grand cinéaste suédois Arne Sucksdorff séduit par la beauté de ses images et la puissance évocatrice de son ode à la vie.


- Réalisateur : Arne Sucksdorff
- Acteurs : Gunnar Sjöberg, Anders Nohrborg, Kjell Sucksdorff
- Titre original : Det stora äventyret
- Genre : Film pour enfants, Film animalier
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Malavida Films (reprise)
- Editeur vidéo : Malavida
- Date de sortie : 22 juin 1955
- Durée : 1h31mn
- Festival : Festival de Cannes 1954
- Reprise: 30 janvier 2019
- Box-office : 608 312 entrées France / 166 396 entrées Paris Périphérie
Année de production : 1953
Sortie du DVD : 7 mai 2011
L'argument : Dans la campagne suédoise, deux garçonnets, Anders et Kjell, recueillent et élèvent en secret une loutre, Utti. Mais il devient rapidement difficile pour eux de subvenir à ses besoins…
© Malavida
Notre avis : Très grand documentariste suédois, Arne Sucksdorff a débuté dans le court-métrage où il sublimait les paysages naturels de son pays avec une maestria visuelle qu’il doit à sa formation initiale de photographe. Toutefois, à partir de 1951, il tente pour la première fois l’aventure d’un long-métrage qui mêle à la fois une méthode documentaire et une histoire fictionnelle complètement scénarisée. En suivant l’exemple des magnifiques œuvres de Robert Flaherty dans les années 30, le réalisateur nous raconte ici l’amitié entre une loutre et un enfant qui tente de l’apprivoiser. Toutefois, conscient de la faiblesse de ce postulat de départ, le cinéaste se concentre en réalité sur le passage des saisons dans une campagne suédoise typique et se fait le témoin contemplatif du formidable cycle de la vie. Pour parvenir à filmer des animaux en pleine action, le cinéaste n’a pas eu recours à une lourde équipe de tournage comme le laisse penser la puissance des images tournées, mais est resté durant deux longues années dans l’entourage immédiat de ses acteurs afin de s’intégrer à leur environnement. Sa formation de photographe a permis à Sucksdorff de tirer de ses longues journées d’attente des images splendides, au noir et blanc divinement contrasté.
© Malavida
Si le film pâtit parfois d’un montage un rien languissant et maladroit (le combat des coqs amoureux ne s’imposait pas à ce moment précis de l’intrigue), on ne peut qu’être admiratif devant la minutie avec laquelle le réalisateur a agencé ses séquences afin de raconter de la manière la plus naturelle possible une histoire simple. Son hymne à la beauté de la nature et de la vie touche d’autant plus qu’il a été créé à une époque où l’écologie n’était pas franchement à la mode. Loin de succomber aux sirènes de l’anthropomorphisme, l’auteur ne cherche jamais à apitoyer le spectateur sur le sort des animaux. Il montre simplement l’implacable loi de la sélection naturelle et de la chaîne alimentaire, sans discours pontifiant ou moralisateur. Brillant ancêtre du Renard et l’enfant et autre Mèche blanche, La grande aventure est donc un spectacle particulièrement recommandé pour nos chères têtes blondes qui y verront un moyen efficace de s’éveiller aux merveilles de la nature, sans qu’on leur impose le moindre discours bêtifiant. N’est-ce pas finalement le meilleur moyen d’en faire des citoyens respectueux de leur environnement ?
Notes :
Le film a obtenu deux prix lors du festival de Cannes 1954 : le Prix International et une mention spéciale pour le réalisateur Arne Sucksdorff.
Archives : test DVD 2011
© MalavidaLe DVD
Sans être d’une qualité exceptionnelle, la copie proposée par l’éditeur Malavida possède de nombreux atouts. La rareté du film et son ancienneté poussent à la clémence.
Les suppléments
0
Partis faire un tour dans la nature, on ne les a pas retrouvés jusqu’ici.
Image
Grâce à un noir et blanc superbe, la copie proposée par Malavida fait illusion à de très nombreuses reprises. On peut toutefois regretter la faiblesse des séquences nocturnes, souvent illisibles à cause de contrastes mal gérés et de la présence de nombreux effets de rémanence. Heureusement, les scènes en plein jour sont bien plus convaincantes.
Son
L’absence d’une piste française empêchera les plus petits de profiter d’un spectacle qui leur est pourtant adressé. C’est bien dommage, d’autant que le texte français est signé par un certain Barjavel. L’unique piste en version originale sous-titrée est un mono de bonne facture même si certains passages sont plus abîmés que d’autres (sautes et grésillements).
© Malavida
Votre avis