Le 28 décembre 2025
Épuré, délicat, élégant : cet opus de Jarmusch est constitué de trois histoires touchantes sur les fêlures familiales, et se présente comme la quintessence de son art.
- Réalisateur : Jim Jarmusch
- Acteurs : Charlotte Rampling, Cate Blanchett, Françoise Lebrun, Tom Waits, Vicky Krieps, Adam Driver, Sarah Greene, Indya Moore, Mayim Bialik, Luka Sabbat
- Genre : Comédie dramatique, Film à sketches, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Américain, Français, Irlandais, Allemand, Italien
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h51mn
- Date de sortie : 7 janvier 2026
- Festival : Festival de Venise 2025
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Résumé : Trois histoires qui parlent des relations entre des enfants adultes et leur(s) parent(s) quelque peu distant(s), et aussi des relations entre eux.
Critique : Jim Jarmusch nous avait laissé une impression plus que mitigée avec The Dead Don’t Die, parodie ratée de film de vampires, indigne de son talent. Lion d’or à la Mostra de Venise 2025, Father Mother Sister Brother permet de renouer avec la meilleure veine du réalisateur, celle qui renouvela la production indépendante américaine dans les années 1980 avec des petits bijoux comme Stranger than Paradise et Down by Law. Ce n’est pas que l’on est sceptique vis-à-vis des incursions de Jarmusch dans le cinéma d’auteur de genre : les réussites du polar Ghost Dog : La voie du samouraï ou du film d’horreur rock Only Lovers left Alive ont attesté de sa capacité à imprimer sa griffe dans des univers variés. Mais le cinéaste n’est jamais meilleur que quand il fait « du Jarmusch », avec ambiances intimistes et personnages en mal-être. En ce sens, Father Mother Sister Brother se rapproche d’un Paterson et, bien sûr, de la structure « à sketches » de Night on Earth. Car le film voit la succession de trois histoires indépendantes mais complémentaires, ici en déployant la thématique des liens familiaux.

- © 2025 Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Father se déroule dans le Nord des États-Unis : Jeff (Adam Driver) et sa sœur Emily (Mayim Bialik), dont la réussite sociale est manifeste, rendent visite à leur père (Tom Waits), un vieil excentrique dont on comprend vite qu’il est ruiné et au seuil de sa vie. Dans Mother, Charlotte Rampling est une écrivaine installée à Dublin et qui invite à déjeuner ses deux filles, très différentes : Timothea (Cate Blanchett) est réservée et dans la norme, quand Lilith (Vicky Krieps) dévoile une existence instable et fantasque. Enfin, le segment Sister Brother réunit à Paris Billy (Luka Sabbat) et sa sœur jumelle Skye (Indya Moore), deux jeunes Américains se retrouvant à la suite de la mort accidentelle de leurs parents. Bercés par une belle musique de Jarmusch himself et d’Anika, ces trois récits se répondent par leur traitement touchant et sobre des fêlures familiales, avec leurs non-dits, regrets et désillusions, même si une tendresse réelle peut relier certains protagonistes. De jeunes skateurs traversant la voie ou l’ébauche d’un road movie constituent quelques-uns des axes communs aux trois histoires, maniant plus ou moins le sens de l’humour pince-sans-rire.

- © 2025 Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Sans verser dans la joliesse ou la préciosité, Jim Jarmusch opte pour un art posé et subtil, dénotant un véritable sens pictural dans le souci du détail : un robinet qui fuit et accentue la gêne d’une famille dans Father, l’agencement des plats posés sur la table et filmé du plafond dans Mother, un box de stockage servant de garde-meuble dans Sister Brother... Nous n’aurions pas refuser de voir défiler des histoires similaires supplémentaires, tant Jarmusch sait capter l’attention et composer de beaux plans pour cerner les tourments et doutes de personnages fragiles, indéterminés, ou cachant bien leur jeu au-delà des apparences. Il n’est pas superflu d’ajouter que les collaborateurs artistiques et techniques du réalisateur ne sont pas pour rien dans le charme de ce triptyque filmique, et en particulier les directeurs photo Frederick Elmes (Blue Velvet) et Yorick Le Saux (High Life) ou le monteur Affonso Gonçalves (Je suis toujours là). Loin d’être un ouvrage mineur, Father Mother Sister Brother est donc un bel objet tout en cohérence avec la filmographie de Jarmusch.
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