Critique

LIVRE

La soustraction des possibles - la critique du livre

Le 27 février 2020

Joseph Incardona, finaliste du Grand Prix RTL/Lire, signe un roman étonnant, reposant sur un système de cause à effet assez bluffant.

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Editions Finitude
  • Kirzy 14 février 2021
    La soustraction des possibles - la critique du livre

    J’avais été très impressionnée par la noirceur atypique de Derrière les panneaux il y a des hommes. Je le suis encore par La Soustraction des possibles tant ce roman a du souffle et de l’ampleur pour raconter notre époque, bien au-delà du simple roman noir, mais toujours avec la même radicalité explosive et une plume au vitriol qui plaira ou pas.

    De l’ampleur, assurément avec cette fresque ambitieuse qui se déploie telle une tragédie grecque dans l’univers des golden boys de la finance suisse à la fin des années 1980.

    Dès le prologue, bref et fort, l’auteur se place en coryphée pour dire tout ce que seront les actes à suivre, tout ce qu’ils ne seront pas. Les mots clefs tiltent dans la tête du lecteur : fortune – crime – trahison – châtiment – désir – truands – vanité et ambition. Tout est annoncé. Assurément. Mais ce sera avant tout une histoire d’amour. Tragique, forcément tragique. En trois actes.

    Dès les premières pages, on est saisi par l’âpreté terrible qui suinte derrière chaque mot pour présenter les personnages principaux : Aldo, le prof de tennis gigolo obsédé par l’argent qui n’a pas et convoite ; Svetlana, la jeune banquière qui comme lui à la rage de réussir chevillé au corps ; Odile, quinquagénaire désespérée, épouse richissime d’un banquier genevois. Leurs portraits, ainsi que ceux de tous les autres personnages qui vont graviter autour ( banquiers, mafieux, proxénètes, avocats ) sont incroyables, bien au-delà des caricatures habituelles et transforme le premier acte en véritable comédie humaine à la Balzac, trempée à l’encre noire.

    Le deuxième acte bascule dans le thriller avec la combine géniale que croit monter Aldo et Svetlana au diapason de la passion amoureuse qui les emporte. le rythme s’accélère, le suspense happe. On est comme au cinéma, version ultra nerveuse. L’écriture est de plus en plus acéré. Joueuse aussi car Joseph Incardona continue à se la jouer coryphée avec ses apartés au lecteur / spectateur qui prennent des allures de sentences prophétiques, souvent drôles, toujours impitoyables.

    Tout se fracasse dans le troisième acte comme on le pressentait dès le départ. C’est là que le talent de constructeur de l’auteur se mesure le plus. Tous les engrenages mis en place lors des actes précédent s’enchâssent implacablement. le roman devient une machine infernale à broyer ceux qui ont succombé à l’hybris, ces dominés qui ont naïvement cru qu’ils pouvaient duper les dominants, ses professionnels de la magouille financière, pour s’arroger le pactole.

    Cette façon de dépecer à l’os l’homme et la société capitaliste qu’il a créé, est absolument brillante et hisse Joseph Incardona en moraliste affuté doublé d’un styliste hors pair.
    J’ai vibré. Peut-être aurais-je aimé vibré plus, dans le sens de m’enflammer pour des personnages.
    Finalement, ce n’est ni Aldo, ni Svetlana, malgré leur histoire d’amour à la Bonnie & Clyde, qui ont fait battre mon coeur ... inattendu, mais ce fut Odile, l’épouse fortunée et désoeuvrée qui redécouvre l’amour en la personne d’Aldo, lucide Odile qui sait que ce n’est pas réciproque et juste une histoire de fric, mais qui s’accroche comme une midinette :

    « Elle pressent jouer ses dernières cartes. Elle a connu cette même intensité, il y a une trentaine d’années, cet accélérateur de particules qu’est la passion. René ( son mari ) n’était pas l’homme en question, mais un amour de vacances aux doigts fins et aux caresses subtiles ; René est venu après, son plus grand mensonge. L’arrogance de la jeunesse, sa beauté, lui laissaient croire qu’elle aurait l’essentiel : richesse, maternité, réussite sociale. Elle a simplement oublié l’amitié et l’amour, la connivence, l’éclat de complicité jubilatoire dans l’oeil de l’autre, l’odeur de sa peau. Ces phéromones leviers de l’univers. Il y a l’épiderme auquel on s’efforce de s’habituer avec le temps, et puis l’autre, celui qu’on lèche comme une évidence dès la première fois, dont on s’enivre et qui nous brûle.
    Odile a choisi, oubliant la peau. La langue sur la peau. le goût de celui qu’on avale. Celui qu’on choisit dans son ventre.
    Sauf que l’amour est revenu. Il a traversé les âges comme l’os lancé par le singe dans le film de Kubrick. Elle avait anticipé un adultère maitrisé, s’offrir le professeur de tennis comme un nouveau tailleur, mais pas cette déferlante d’hormones ayant pénétré par effraction, s’insinuant et rampant, bouleversant les équilibres, renversant les barrières sociales et psychologiques."

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