Le 30 novembre 2025
Inclassable et attachant, Laurent dans le vent est une réussite incontestable, qui rappelle les meilleures heures du théâtre de l’absurde.
- Réalisateurs : Anton Balekdjian - Mattéo Eustachon - Léo Couture
- Acteurs : Béatrice Dalle, Thomas Daloz, Djanis Bouzyani, Baptiste Perusat, Suzanne de Baecque, Monique Crespin, Ira Verbitskaya
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 31 décembre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025, ACID Cannes 2025
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Résumé : À vingt-neuf ans, Laurent cherche un sens à sa vie. Sans travail ni logement, il atterrit dans une station de ski déserte hors saison et s’immisce dans la vie des rares habitants qu’il rencontre. Quand les touristes arrivent avec l’hiver, Laurent ne peut plus repartir.
Critique : Parce qu’un jour il a littéralement pété un câble, Laurent est sans travail, ni logement. Il erre d’une ville à l’autre, et finit par se retrouver dans une station d’hiver, mais pour le coup en pleine hors saison. Quelques habitants y vivent à l’année comme une vieille dame suicidaire, un jeune exilé de Marseille qui se rêve danseur, un éleveur de chèvres magiques ou un mère et son fils. Le presque trentenaire parvient à se faire héberger et c’est à chaque fois l’occasion, pour lui, de retrouver un peu de sens et de se réconcilier avec lui-même.
Laurent dans le vent a trouvé sa place lors de la sélection ACID 2025. Il n’y a rien d’étonnant car le film se démarque par son originalité et un ton absolument délirant, entre drame et comédie. Laurent est un antihéros plutôt débonnaire, qui cherche une raison de vivre et surtout peut-être une solution à sa déprime. Toutes les personnes qu’il rencontre sont un peu paumées comme lui, mais formidablement attachants. Il y a donc dans ce récit un air de road movie, sinon qu’il n’y a pas de voiture et que le périple du héros se résume à l’errance entre les différentes maisons de la station hivernale où il a trouvé asile. Chaque personnage rencontré demeure un voyage à lui tout seul, dans une France insolite et austère.
La réussite du film tient à l’interprétation jamais grotesque des comédiens. Ils incarnent des personnages décalés, à commencer par Laurent qui semble sorti de nulle part. La mise en scène se veut la plus dépouillée possible, laissant les acteurs habiter leurs personnages dans des dialogues aussi drôles que hors sol. Les lignes entre le réel et le théâtre sont brouillées, comme celles des identités, qu’elles soient sexuelles, culturelles ou sociales. Il faut saluer la présence lunaire de Baptiste Perusat qui offre à son protagoniste une coloration absolument particulière. Le jeune acteur semble promis à un bel avenir, tant il est convaincant dans la peau de ce voyageur sans repère, d’une profonde gentillesse.

- Copyright Mabel Films
Le trio Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon a réalisé une œuvre qui fait penser au théâtre de Beckett. Les jeunes cinéastes bousculent le rythme de la narration, pour créer une sorte de succession de scènes de vie sans début, ni fin. Chacune de ces vignettes raconte le besoin d’amour, de reconnaissance, dans un monde où les choses semblent évidées de toute logique. La présence de la célèbre chanson de Manu Chao Desaparecido illustre parfaitement la psychologie déroutante de ce jeune homme qui trouve, dans cet espace de montagnes, une raison de se poser un peu et de ne plus disparaître.
Laurent dans le vent demeure un des longs-métrages les plus originaux des sections parallèles cannoises 2025. Les réalisateurs proposent une écriture qui tranche avec un certain conformisme que l’on trouve dans les écoles de cinéma actuelles. Avec un budget manifestement modeste, ils parviennent à créer une histoire où la vie et la mort forment une même logique. Enfin, la voix est donnée à des individus qui n’habitent pas la capitale et ne sont pas concernés par des futilités sentimentales. Ici, le propos trouve son souffle dans le théâtre de l’absurde, même si, au bout du compte, la seule et unique chose qui compte demeure l’amour.
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