Le coeur a ses raisons, saison 1 - la critique

Ce pastiche burlesque de soap opéra frise l’excellence et s’inscrit parmi les meilleures séries du genre.

L’argument : A la mort du patriarche, les deux héritiers de la famille Montgomery, les jumeaux Brett et Brad, se déchirent pour prendre le contrôle de l’empire familial. Amours, passions, trahisons, meurtres et complots rythment le quotidien des habitants de Saint-Andrews...

Notre avis : Dire que Le cœur à ses raisons tire vers le burlesque est un euphémisme. Cette série en provenance du Québec est un monument d’humour absurde qui redéfinit le genre à chaque réplique, un chef d’œuvre de drôlerie qui s’exerce à la seconde, à côté duquel, nous, Français, nous aurions tous pu passer s’il n’y avait pas eu internet et Youtube pour nous en faire découvrir les moments forts. En effet, Le cœur a ses raisons est un monstre comique dont la réputation chez nous s’est développée grâce au partage (illégal !) d’extraits hilarants, bien longtemps avant la sortie du présent coffret DVD et de son timide passage sur NRJ 12, alors qu’un tel programme méritait bien une diffusion sur l’une des 6 premières chaînes de télé hexagonales (on dit qu’M6 était trop occupée à rediffuser Notre belle famille).
Pour ceux qui ne connaissent rien de la série, un historique s’impose. En 2001 naissent ses prémices dans l’émission comique québécoise Le Grand Blond avec un show sournois. Quelques personnages récurrents y font leur apparition dans des sketches, éminemment populaires auprès du public qui en redemande. C’est donc en 2005 que Marc Brunet récupère ces personnages et lance la première saison du Cœur a ses raisons (référence à Blaise Pascal !) pour 13 épisodes poussant les délires au-delà de la raison. Il convie des vedettes locales (toutes sauf Céline Dion !) à multiplier les rôles à la bêtise disgracieuse dans ce qui devînt immédiatement le pastiche ultime du soap opera américain. Ce dernier, des Feux de l’amour à Amour gloire et beauté, par essence ringard de codes abrutis et de rebondissements tirés par les cheveux, donne l’occasion aux scénaristes de revitaliser le burlesque télévisuel maniéré, marqué par les sublimes anglaises (Absolutely fabulous, pour n’en citer qu’une).
Amour, sexe, manipulation, tentatives de meurtres, disparitions, réapparitions, chirurgie ratée, invasion de poux, héritage d’une boîte de cosmétiques et fraîcheur forment la trame de cette première saison qui suit les conventions du genre à la lettre. On s’embrasse sur la bouche sans que les lèvres ne se touchent ; on use de métaphore pour ne pas parler de sexe et la superficialité des personnages est mise en exergue par des dialogues qui osent avec insistance nous faire rire du premier degré au degré cinquante. De leurs côtés, les comédiens multiplient les rôles (formidable Marc Labrèche, sérieux dans L’âge des ténèbres, ici couillon volontaire en Brett et Brad Montgomery, et dans la saison 2 en Brenda ; Anne Dorval en Criquette aux gros seins et en sa sœur, Ashley, l’infirmière à la poitrine qui explose) et, au-delà du jeu kitsch, hystérique et fondamentalement débile, ils comptent pour beaucoup dans ce qui est devenue la plus grande poilade de ces dix dernières années à la télé.
Depuis 2005, deux saisons suivirent. La deuxième, marquant l’avènement de Brenda et de sa beauté historique, sortira début décembre chez France télévisions. On aura alors presque rattrapé notre retard, puisqu’une troisième et dernière saison devrait sortir chez l’éditeur en 2009. Le pire reste à venir et nous on adore...

Le DVD

Un coffret tout à fait correct qui requérait néanmoins plus de bonus.

Les suppléments

Rien de bien exceptionnel. A part le bêtisier, qui démontre que les acteurs eux-mêmes, ont bien eu du mal à garder leur sérieux durant le tournage, les extras s’articulent principalement sur la deuxième saison dont on nous propose de nombreux extraits pour nous convaincre d’en acheter le coffret. On retrouve notamment en avant-première le fameux sketch de Brenda et de l’étoile, l’un des moments comiques les plus forts de la série.
Enfin des clichés de Criquette l’hystérique prenant des poses ridicules complètent ces suppléments ridiculement en-deçà de leur potentiel, notamment informatif, puisqu’on aurait pu au moins présenter le casting si méconnu du grand public français.

Image & son

La définition de l’image est satisfaisante, ouvrant un éventail de couleurs kitsch délicieux pour les yeux, même si la précision n’est pas toujours au rendez-vous. Le son dolby digital 2.0 ne présente aucun soucis et permet d’appréhender les dialogues dans la sérénité du non-effet.