Le 11 novembre 2025
Entre ombre et lumière, un regard plein de sincérité et de sensibilité pour parler sans drame des problèmes de santé mentale des adolescents.
- Réalisateur : Isabelle Carré
- Acteurs : Isabelle Carré, Bernard Campan, Nicole Garcia, Judith Chemla, Alex Lutz, Vincent Dedienne, Melissa Boros, Tessa Dupont-Janod, Solan Machado Graner
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pan Distribution
- Durée : 1h46mn
- Date de sortie : 12 novembre 2025
- Festival : Festival de Berlin 2025, Festival d’Angoulême 2025, Festival du Film de Demain Vierzon 2025, Festival du film européen de Virton, Festival2Valenciennes 2025
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Résumé : Élisabeth, comédienne, anime des ateliers d’écriture à l’hôpital Necker avec des adolescents en grande détresse psychologique. À leur contact, elle replonge dans sa propre histoire : son internement à quatorze ans. Peu à peu, les souvenirs refont surface. Et avec eux, la découverte du théâtre, qui un jour l’a sauvée.
Critique : Depuis les années 1990, Isabelle Carré promène son visage candide et sa silhouette d’éternelle adolescente, entre comédie et drame. Actrice de cinéma mais aussi de théâtre, désormais réalisatrice, elle est aussi écrivaine. Quoi de plus naturel pour son premier passage derrière la caméra que d’adapter son premier roman pour sensibiliser le public à un thème peu souvent abordé au cinéma : le mal de vivre des adolescents et les meilleurs remèdes pour s’en sortir. Une histoire qui lui ressemble, qu’elle a présentée avec beaucoup de tact au Festival du film francophone d’Angoulême en compagnie de son frère Benoît, musicien, qui a partagé avec elle une enfance chaotique.

- Isabelle Carré et son frère Benoît. Festival du film francophone d’Angoulême 2025.
- Copyright Claudine Levanneur
Élisabeth (Isabelle Carré) a grandi au sein d’une famille quelque peu dysfonctionnelle. Elle a eu du mal à y trouver sa place mais est aujourd’hui une comédienne épanouie. C’est sans doute la raison qui la pousse à consacrer un peu de son temps à des jeunes en perte de repère. Elle ne rencontre tout d’abord que lassitude et indifférence de leur part. Jusqu’à ce qu’elle les informe qu’elle aussi a connu une période psychologiquement difficile.

- Copyright Christine Tamalet
S’impose alors un retour vers le passé d’Élisabeth et tout particulièrement de son séjour en psychiatrie après une tentative de suicide. Commence alors la découverte d’un univers hospitalier aux règles aussi étouffantes qu’absurdes, plus prompt à distribuer des pilules abrutissantes qu’à se pencher sur la vraie détresse de ses jeunes patients. Cette constatation plutôt sombre n’exclut cependant pas l’humour. Le complice de toujours, Bernard Campan, fait merveille sous les traits du docteur Gestapo, comme le surnomment les adolescents, tandis que le jeune Solan Machado-Graner apporte la touche de dérision et de tendresse nécessaire. Et puis on se réjouit de la naissance d’amitiés improbables (comme celle nouée entre Élisabeth et la pétillante Isker à qui la jeune Melissa Boros, révélation inspirante d’Alpha, accorde toute son énergie) unies dans une même solidarité, malgré les différences de pathologie et quelques rivalités. Cette plongée vertigineuse dans l’âme adolescente avec ses excès, ses doutes mais aussi son appétit de vie et sa capacité à se surpasser constitue le cœur savoureux d’une narration qui, d’abord hésitante entre anecdotes familiales et présent, finit par trouver son équilibre.

- Copyright Christine Tamalet
Une en scène inventive, soucieuse de restituer au plus près toutes les nuances des sentiments traversés fait oublier la fragilité du rythme initial. Grâce à la douceur et à la poésie qu’elle insuffle à tous les instants, Isabelle Carré transforme l’abattement en résistance et fait fi des traumatismes pour laisser place à la reconstruction. Elle réussit ainsi le pari risqué de nous intéresser au sujet encore tabou de la santé mentale, aidée en cela par un casting parfait, dont la présence de l’étonnante Tessa Dumond Janod n’est pas le moindre des atouts. Copie parfaite de l’adolescente Isabelle Carré, touchant mélange de volonté, de déchirures et d’émotivité, elle transmet avec panache la puissance de l’éclosion d’une créativité libératrice, propre à délivrer cette jeune fille désemparée de sa surcharge émotionnelle.
Si le film est dur dans son constat, il ne juge ni les soignants, ni les patients. Il tient surtout à démontrer que l’art dans sa globalité peut être salvateur en permettant d’occulter les souffrances en les partageant avec d’autres.
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