Le 20 mai 2025
Après la Palme d’or importante en 2023, Julie Ducournau s’égare dans un film pompier et orgueilleux, qui ressemble moins à une fiction qu’à un clip musical de plus de deux heures. Une grande déception.


- Réalisateur : Julia Ducournau
- Acteurs : Tahar Rahim, Golshifteh Farahani, Finnegan Oldfield, Jean-Charles Clichet, Emma Mackey, Melissa Boros, Louai El Amrousy
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 2h08mn
- Date de sortie : 20 août 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025, NIFFF 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, En compétition
– Festival de Cannes 2025 : Prix CST de l’artiste technicien
Résumé : Alpha, treize ans, est une adolescente agitée qui vit seule avec sa mère. Leur monde s’écroule le jour où elle rentre de l’école avec un tatouage sur le bras.
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Mais quelle mouche a piqué Julie Ducournau de s’engager dans ce tragique ballet de cris, virus, larmes et musiques assourdissantes, au service manifestement d’une métaphore des ravages du sida. Sauf ce que ce virus qui s’attrape par les voix sanguines et sexuelles ne provoque pas les symptômes que l’on connaît, mais transforme les individus en un corps statutaire qui finit par se réduire en poussière. Le long-métrage s’ouvre d’ailleurs sur cette image de sable rouge, qui d’ailleurs se réinvente dans des croyances ancestrales portées par la famille maghrébine d’Alpha.
- MANDARIN & COMPAGNIE KALLOUCHE CINEMA FRAKAS PRODUCTIONS FRANCE 3 CINEMA
Alpha est une collégienne qui, dès le début du film, se retrouve en risque d’avoir attrapé ce foutu virus, dans la mesure où des adolescents malveillants lui ont gravé sur le bras des lettres avec une aiguille qui avait servi à d’autres. La gamine, quand elle ne va pas à l’hôpital où les corps en cours de transformation s’amoncellent dans les lits, accompagne les pérégrinations nocturnes de son oncle, un toxicomane immature, qu’elle découvre au gré d’une apparition dans la cuisine.
Forte sans doute de Titane, sa Palme d’Or en 2023, Julie Ducournau s’est sans doute laissée emporter dans une imagination sans borne, au mépris sans doute d’une attention pour le spectateur qui va devoir composer avec autant de débordements en tout genre. Car le long-métrage ne recule devant aucune limite, à commencer sonore, avec une musique omniprésente, assourdissante, qui ne laisse jamais aucun espace de répit. La nuit sombre renforcée par un étalonnage rougeâtre, le vent, le sable qui vole s’ajoutent à ce cortège démesuré d’effets stylistiques, peu ou pas au bénéfice de l’histoire.
- © 2025 Diaphana Distribution. Tous droits réservés.
Alpha s’appesantit dans une vision très clinique de la décomposition des corps, assaillis par un virus. On retrouve ici des échos à Titane qui prenait le parti de la transformation physique des corps. La complaisance de la réalisatrice dans l’horreur médicale est manifeste, accrue par une surenchère de douleurs physiques et psychologiques des personnages qui usent et abusent de leurs capacités vocales. Voilà un film qui crie beaucoup, se débat en permanence dans un spectacle prétentieux de douleur et passion. De plus, la réalisatrice commet des fautes de style en mettant en scène la flamboyante Golshifteh Farahani, de langue iranienne, qui parle l’arabe dans sa famille, ce qui est assez peu acceptable quand on sait les différences profondes entre les univers culturels maghrébin et perse. L’œuvre est surchargée, les acteurs en font des tonnes, avec un personnage central Alpha dont on ne comprend pas grand-chose de ce qui motive ses comportements. On peut imaginer l’intérêt de Golshifteh Farahani et Tahar Rahim à prendre la suite du très grand Vincent Lindon dans la précédente œuvre de la réalisatrice, encore faut-il que l’écriture et le scénario soient à la hauteur des ambitions du projet.
Alpha ne fonctionne pas. C’est même un film épuisant qui ne donne aucune respiration au spectateur. Toutes ces montagnes de sons, d’effets visuels n’apportent rien au film qui souffre d’un manque patent de cohérence et de vraisemblance. Au mieux ce long métrage qui a dû coûter très cher quand on voit au démarrage le nombre impressionnant de logos de financeurs ou de producteurs, aura l’effet d’une météore stylistique au sein du paysage cinématographique prolixe.
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