Critique

LIVRE

Lunar Park - Bret Easton Ellis - La critique

American parano

Le 24 octobre 2005

Ellis effectue une rotation à 180° et s’interroge sur le statut d’écrivain et celui de fils. Un roman aussi déroutant qu’abouti.

  • kb91 25 janvier 2006
    Lunar Park - Bret Easton Ellis - La critique

    Sous le couvert d’une autofiction fantastique, Bret Easton Ellis se raconte, lui, son œuvre (cf. la superbe auto-analyse du premier chapitre) et, surtout, son père.

    L’écrivain se confronte à ses démons - imaginaires ou réels -, le propre desdits démons étant que ce sont, soit les personnages de ses romans, soit des objets aussi invraisemblables que sa maison (qui change à vue d’œil), sa moquette (qui pousse sans explication), ou même, la peluche Terby de sa fille !

    Bret Easton Ellis tue en quelque sorte le père en mettant à nu les relations père/fils : celles, conflictuelles, qu’il a vécu avec son père mort, celles, inexistantes, qu’il entretient avec le fils qu’il a tardé à reconnaître. Il réalise cette espèce de psychanalyse à sa manière, tantôt touchante, tantôt drôle, tantôt trash, dans un exercice de style échevelé où les madeleines de Proust se transforment en mandarines et où Patrick Bateman est en fait son père !

    Du grand Bret Easton Ellis, donc, qui se révèle comme jamais dans un roman fantastique, dans tous les sens du terme.

  • minime 10 mars 2006
    Lunar Park - Bret Easton Ellis - La critique

    Comment passer du récit autobiographique au thriller tout en racontant la même histoire ? « Lunar park » apporte une réponse brillante à cette interrogation. Bret Easton Ellis se dévoile autant quand il se livre à l’exégèse de sa propre œuvre que lorsqu’il décrit une maison hantée à Sherman Oaks. La ligne directrice improbable qui unit les extrêmes, c’est un homme à la fois enfant et parent qui peine à se trouver en tant qu’adulte. « Enfant », « parent », « adulte », ce sont les états du moi que distingue l’analyse transactionnelle : entre normes et pulsions, l’homme se cherche en tant que personnalité autonome. Ellis transcende la stricte narration en même temps qu’il détourne les codes du thriller « à la Stephen King ». Il se projette à la fois dans l’écrivain tourmenté, l’enfant désarçonné, le père absent ; il est aussi cette maison qui se transforme, ces personnages de romans qui s’incarnent, cette moquette qui pousse, cette peluche qui agresse, ce chien qui le déteste. L’univers du roman, c’est l’auteur, son inconscient. Bret Easton Ellis personnifie l’hypostase propre à chaque individu, centre de contradictions et de déchirements.

    En plus d’être une histoire à tiroirs, « Lunar Park » est aussi un roman agréable à lire, l’écrivain Ellis possédant le talent, le sens de la phrase juste et du récit que l’on connaît depuis « Moins que zéro ». Il confirme un style unique, à l’image de l’homme Breat Easton Ellis, paradoxal (au comble de l’horreur, surgit parfois un trait d’humour irrésistible) et attachant.

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