Le 1er juillet 2025
Entre regard documentaire et satire sociale, les tendres tribulations d’un jeune homme timide embastillé par quatre dames âgées aussi exigeantes que facétieuses qui pourraient s’avérer bien plus utiles que ce qu’il n’imagine.


- Réalisateur : Darren Thornton
- Acteurs : Fionnula Flanagan, James McArdle, Dearbhla Molloy, Paddy Glynn, Stella McCusker
- Genre : Comédie
- Nationalité : Britannique, Irlandais
- Distributeur : MK2 Distribution
- Durée : 1h29mn
- Titre original : Four Mothers
- Date de sortie : 2 juillet 2025
- Festival : DIFF (Dublin International Film Festival) 2025, BFI London Festival 2025, Glasgow Film Festival 2025

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Résumé : À Dublin, Edward, un romancier introverti au grand cœur, touche enfin du doigt le succès. Mais alors qu’une prestigieuse tournée promotionnelle se profile, il doit s’occuper, le temps d’un week-end, de quatre femmes âgées hautes en couleur – dont sa propre mère. Entre situations improbables et révélations émouvantes, cette cohabitation imprévue pourrait bien changer leur vie.
Critique : La gestion du grand âge, véritable enjeu de société, n’en finit plus d’inspirer les cinéastes. On peut citer Amour, huis clos pudique et magistral de l’Autrichien Michael Haneke ; The Father, portrait poignant d’un homme vieillissant face aux ravages de la sénilité, du Français Florian Zeller ; et bientôt À feu doux ou l’histoire d’une octogénaire attachante placée en maison de retraite, par l’Américaine Sarah Friedland. les Irlandais Darren et Colin Thornton (coscénaristes) adoptent un ton plus comique que tragique pour nous conter les aventures d’un jeune homme aussi gentil que dévoué en charge de quatre mamies hautes en couleur.
Edward (James McArdle) est écrivain. Son dernier roman connaît un succès certain et son agent le convainc de partir aux États-Unis pour une tournée de dédicace. Mais, ombre au tableau, Edward s’occupe de sa mère (Fionnula Flanagan), handicapée depuis un récent AVC, et à l’élocution difficile. Un vrai cas de conscience qu’Edward tente de confier à son psy et néanmoins ami qui, en guise de réponse, n’hésite pas à lui déposer sa propre mère ainsi que celle de deux de ses amis. En effet, ces joyeux lurons décomplexés et sans scrupules ont décidé de participer à une gigantesque fête gay en Espagne.
- Coyright BFI
Un aspect un peu foutraque qui pourrait laisser soupçonner un excès de loufoquerie mais vise plutôt à aérer la cruauté maligne d’une mère sans filtre et la lourdeur d’une ambiance réaliste. En effet, si nos cinéastes s’inspirent du film italien de Gianni Di Gregorio Le déjeuner du 15 août, ils installent leur histoire dans la banlieue dublinoise et en restituent toute l’âpreté. Dans cette maison au décor suranné, Edward endure sans broncher d’abord les remarques fielleuses de sa mère transcrites à l’aide d’une tablette à la voix robotique. Viennent ensuite les exigences de ses hôtes imposés entre caprices alimentaires, incompréhension mutuelle et proximité délicate. Un décor sombre bientôt égayé par les vidéos ensoleillées et festives postées par ceux qui ont abandonné Edward à son sort. Pourtant, aucune idée de rancœur ne vient entacher ce récit qui incite chacun à prendre à bras le corps la vie, l’amour, la mort sans faux-semblants. Car ces quatre mamies à l’apparence d’abord peu aimable se révèlent bien moins séniles et bien moins aigries qu’elles n’en paraissent et leurs confidences sur leurs drames et frustrations, leur facétie et leur désir d’avenir les humanisent peu à peu.
- Copyright BFI
Leurs parcours et réflexions permettent à cet introverti d’Edward d’ouvrir son cœur et d’accepter certaines douleurs mal évacuées, tandis que l’épicurisme de la communauté gay à laquelle appartiennent tous ces jeunes gens célèbrent les plaisirs de la vie, faisant de cette comédie intergénérationnelle un exemple salutaire d’échanges et de transmission. Emportés dans une mise en scène fluide, nos acteurs nous régalent de leur dialogues pétillants. James McArdle (vu dans Sexy Beast prête toute sa douceur à son personnage tendre et maladroit juste taillé pour mesurer la puissance du jeu de Fionnula Flanagan, maillon fort d’un quatuor à l’énergie communicative.
Sans en avoir l’air, cette comédie dramatique que l’on pourrait aussi qualifier de drame comique interroge sans caricature ni grandiloquence sur la place réservée aux plus âgés dans nos sociétés modernes dévorées par le jeunisme.
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