Le 23 septembre 2025
Si le récit de ce grand médecin congolais témoigne de la violence que subissent nombre de femmes à travers le monde, la mise en scène ou bien trop spectaculaire ou bien trop sage ne convainc pas vraiment.
- Réalisateur : Marie-Hélène Roux
- Acteurs : Isaach de Bankolé, Vincent Macaigne, Déborah Lukumuena, Babetida Sadjo, Yves-Marina Gnahoua, Manon Bresch, Soliane Moisset, Kody Kim
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : L’Atelier Distribution
- Durée : 1h45mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 24 septembre 2025
- Festival : Festival d’Angoulême 2025
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Résumé : Certains combats peuvent changer le cours de l’histoire. Denis Mukwege, médecin congolais et futur prix Nobel de la paix, soigne — au péril de sa vie — des milliers de femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo. Sa rencontre avec Guy Cadière, chirurgien belge, va redonner un souffle à son engagement.
Critique : Avant d’être un grand médecin, Denis Mukwege qui s’apprête à recevoir le prix Nobel de la paix est un grand humaniste. Le médecin aurait pu choisir une carrière plus tranquille dans un cabinet ou un hôpital européen. L’homme se maintient dans son pays d’origine où il se donne corps et âme pour sauver des femmes victimes de viol, de virus dévastateurs, dans un pays, le Congo RDC, où la guerre civile perdure depuis des décennies. Il est rejoint par un chirurgien belge, qui, accompagné de sa fille elle-même en études de chirurgie, va s’immerger dans ce monde reculé de l’Afrique où les femmes crient au secours dans un silence assourdissant.
La République du Congo et son voisin le Congo Brazzaville sont traversés depuis longtemps par des conflits où les femmes sont instrumentalisées comme des objets de troc et des armes de guerre. Exercer dans un tel pays, c’est non seulement se confronter à la pénurie de moyens sanitaires, mais surtout à la pression des combattants locaux, qui, pour installer leur pouvoir, ont tout intérêt à faire perdurer la terreur. Muganga - Celui qui soigne raconte ainsi, dans une langue sinon romanesque, mais en tous les cas très mélodramatique, les ravages de la guerre en Afrique sur ses populations vulnérables. On ne peut pas contester l’intérêt de ce récit héroïque, mais son traitement assez démagogique souffre de vrais défauts de mise en scène et d’écriture.

- Copyright Petites Poupées Production
Denis Mukwege est un sauveur au sens propre et figuré du terme. L’affiche d’ailleurs est à l’effigie de cet homme qui apparaît comme un héros romantique. Les patientes, et plus largement les femmes qu’il tente de secourir et protéger, n’ont de cesse de l’acclamer dans des successions de chants assez stéréotypés de la culture africaine. La guerre est peu lisible dans le récit, en dehors des stigmates que portent les femmes et de l’apparition succincte de quelques militants. Le médecin sauveur est interprété par un Isaach de Bankolé volontaire et digne, tout l’inverse des autres acteurs et notamment du pourtant très doué Vincent Macaigne, qui se perdent dans des excès lacrymaux ou émotionnels.
La mise en scène souffre d’une très grande ambivalence. Marie-Hélène Roux cherche à provoquer à tout prix les émotions du spectateur à grands cris, sans parvenir pas à rendre compte de la grandeur, voire de la noblesse, du personnage. La mise en scène évolue entre relents mélodramatiques et pudibonderie. Le spectateur semble alors l’otage des émotions imposées par la réalisation, au lieu de lui laisser la liberté de se faire une idée du personnage. Bien sûr, la dimension déiste de Denis Mukwege lui confère une idéologie assez radicale quand il s’agit de répondre à la demande des femmes d’avorter, ce qui d’ailleurs apporte au récit un intérêt particulier.

- Copyright Petites Poupées Production
Ce premier film a été trois fois récompensé au Festival du film francophone d’Angoulême. On se demande vraiment ce qui a pu provoquer un tel engouement. La mise en scène trop classique ne dépasse guère le cadre d’un témoignage historique, esquissant à peine la complexité du personnage. On salue pourtant près de dix ans de travail avant la finalisation et la sortie de ce premier long-métrage qui présage pour Marie-Hélène Roux d’une carrière prometteuse.
On sera donc resté sur notre faim dans une œuvre qui ne manquait pourtant pas d’ambition. Dommage car ce grand homme mérite plus que notre admiration.
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