Rémi sans famille - la critique du film

Critique : Après La traque, un film d’épouvante efficace, puis A toute épreuve, une comédie potache au succès mitigé, Antoine Blossier s’attaque à un tout autre registre en adaptant l’un des plus célèbres romans de la littérature enfantine. Le roman Sans famille d’Hector Malot paru en 1878 a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, dont la plus ancienne remonte à 1925. La télévision française l’exploite aussi sous forme de téléfilm en deux parties de soixante minutes chacune, dont la première est diffusée le 25 décembre 1965, suivie douze ans plus tard d’une série animée japonaise devenue culte au pays du soleil levant et dont les petits Français bénéficient dans les années 80.

Copyright Julien Panié

L’histoire à tendance mélodramatique est donc connue de la majorité des spectateurs.
Tout en en gardant la trame Antoine Blossier prend quelques libertés avec l’œuvre originale afin de nous offrir un récit plus moderne, concis et lèger, essentiellement orienté vers la foi en l’avenir. A travers le regard d’un enfant (le jeune Rémi) et autour des valeurs universelles d’amour, de transmission, d’accomplissement de soi et de solidarité, il choisit de nous entraîner, entre drame et vivacité, dans un récit d’aventures fleurant bon la référence aux classiques Disney, mâtiné de quelques inspirations à la Harry Potter pour la partie anglaise.

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S’appuyant sur de nombreux flash-back, Rémi que Jacques Perrin, transformé en narrateur pertinent, enveloppe d’une indicible douceur, déroule au soir de son existence le périple de sa vie. Du parvis de l’église où il fut trouvé aux retrouvailles avec sa famille en Angleterre, tout concourt dans le moindre détail à créer une atmosphère candide mais jamais mièvre, entre fantasmagorie et réalisme. Du manoir anglais digne de l’univers de Dickens aux escapades à travers une nature somptueusement éclairée semblant tout droit sortie d’une chronique touristique en faveur de nos plus beaux villages de France, les décors s’harmonisent pour instaurer une dimension magique aux réalités mêmes les plus noires.

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Une narration alerte soutenue par une réalisation sans temps morts accompagne une distribution tant humaine qu’animale (les amoureux des chiens craqueront à coup sûr pour ce Border Collie au regard si expressif) qui fait mouche à tous les coups. Daniel Auteuil, plus que convaincant, se plaît de toute évidence à nous faire partager l’énergie et la bonté de cet homme dévasté par un lourd secret qu’il tente d’oublier en livrant sans fard ses faiblesses et ses erreurs à travers une confession bouleversante. Le duo qu’il forme avec le surprenant Maleaume Paquin à la frimousse angélique contribue à installer une émotion juste loin de tout misérabilisme, pendant que les personnages dit secondaires mais pourtant largement étoffés nourrissent l’imaginaire. Voilà ainsi réunis tous les éléments pour faire de cette adaptation réussie d’un ouvrage du patrimoine français un conte enchanteur et épique dans la plus pure tradition du genre.