Le 29 avril 2025
Bienvenus en Absurdie dans un monde où le politique se confronte à son impuissance pour infléchir le destin du monde. Un film résolument original mais parfois un peu poussif.


- Réalisateurs : Guy Maddin - Evan Johnson - Galen Johnson
- Acteurs : Cate Blanchett, Zlatko Burić, Roy Dupuis, Charles Dance, Denis Ménochet, Alicia Vikander, Nikki Amuka-Bird
- Genre : Comédie dramatique, Comédie fantastique
- Nationalité : Canadien, Allemand
- Distributeur : ED Distribution, Potemkine Distribution
- Durée : 1h43mn
- Titre original : Rumours
- Date de sortie : 7 mai 2025
- Festival : Festival de Cannes 2024, Festival de Gérardmer 2024

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Réunis dans un château en Allemagne pour leur sommet annuel, les dirigeants des pays du G7 s’installent en bordure d’une forêt pour préparer leur déclaration. À la nuit tombée, le groupe constate que le personnel qui les entourait a disparu. En voulant tenter de les retrouver, les sept politiciens s’enfoncent plus avant dans une forêt qui s’avère pleine de périls et de mystères.
Critique : Sept femmes et hommes d’État et pas les moindres puisqu’ils représentent les plus grandes puissances du monde. Sept politiciens prestigieux se réunissent ainsi dans un château allemand où ils vont devoir rédiger un discours qui, s’il ne viendra pas s’empiler dans les étagères poussiéreuses de la mémoire, pourrait changer la face de l’univers. Mais comme on est au cinéma, les choses ne se passent pas comme prévu et ce qui devait être une soirée laborieuse se transforme en une errance dans un bois sombre, hantée par d’étranges créatures où l’imaginaire est sans limite. Rumours, nuit blanche au sommet s’annonce donc comme un film hybride qui joue entre l’humour noir, le drame et le fantastique, chacun des effets stylistiques se nourrissant l’un l’autre.
Car le long-métrage constitue d’abord une critique acerbe de l’impuissance des dirigeants du monde à résoudre les problèmes posés par l’humanité même si les réalisateurs n’ont pas cherché à créer un film politique. Ces sept présidents ou ministres sont des femmes et des hommes comme les autres, préoccupés par des pensées sexuelles, amoureuses ou mercantiles qui passent avant les intérêts des populations qui les ont élus. Ils se retrouvent d’ailleurs totalement seuls dans ce château, leurs assistants ayant mystérieusement disparu, et sont de fait contraints de rédiger un discours, prendre des positions sans se reposer sur l’expertise de leurs collaborateurs. Toute leur impuissance à décider se révèle, d’autant plus quand des sortes de zombies, pour une fois inoffensifs, font leur apparition dans le parc. Ils donnent à voir, sur un ton tout à fait sarcastique, leur profonde désorganisation pour faire face aux problèmes posés par ces étranges créatures venues des profondeurs de la terre. D’ailleurs, on n’est pas sans s’interroger comment ces humains, non pas parasités par un virus, se sont transformés en zombies et quelle a été l’influence politique pour qu’ils soient aspergés d’acide et enterrés de façon si cruelle. Sans doute, en arrière-fond, un rappel de la barbarie nazie en son temps.
- Copyright Bleecker Street Media
Voilà un film qui joue sur de multiples tonalités, au risque parfois de succomber à une certaine démagogie. La mise en cause humoristique des politiques, normalement appartenant à l’élite intellectuelle, endosse l’ironie et le burlesque grâce à cette histoire déjantée de zombies sortis de terre. Les réalisateurs jouent avec un propos maintes fois vu au cinéma, mais cette fois ils déforment les codes du film politique et d’épouvante, en faveur d’un objet hybride, très original et déstabilisant. En effet, nous ne sommes surtout pas à proprement parler dans un film d’horreur avec son lot de zombies flasques, mais plutôt dans une comédie dramatique où, derrière le rire, se cache une critique acerbe de l’univers des grands dirigeants de ce monde qui, avec le recul, ne sont jamais parvenus à empêcher les grandes crises ayant dévasté notre planète. En l’occurrence, ici, apparaît le risque d’une invasion de zombies qui, à la manière de la Covid, pourrait mettre à bas toutes les populations du monde ainsi que leurs dirigeants dans l’incapacité à gérer l’imprévu. L’imagination débordante des créateurs est mise à l’épreuve dans un patch-wok stimulant et joyeux.
- Copyright Bleecker Street Media
Le panel de comédiens très différents est assez décoiffant. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une entrée en matière devant le perron du château où l’identité de l’acteur apparaît avec celle de la fonction politique qu’il incarne. Certains personnages comme le président français, le Premier ministre italien, la chancelière allemande ou le président des États-Unis semblent tout droit sortis de la réalité, avec tout de même un sens certain de la dérision et de la caricature. Toujours est-il qu’ils se retrouvent tous en face d’un cerveau humain, de la taille d’une voiture, planté au milieu d’une forêt, qui, au-delà du burlesque, interroge l’intelligence de ces gens de pouvoir face à un monde qui bouge.
Maintenant, le long-métrage présente quelques défauts comme la longueur, la réitération des dialogues et une interprétation pas toujours très subtile. Pourtant, il y a de la joie chez les acteurs à rentrer dans la peau de puissants. Il s’agit peut-être du film le plus original et le plus décalé du cru 2024 du Festival de Cannes et de Gérardmer où l’imaginaire est sans limite en faveur d’une comédie rythmée et gaie.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.