Le 13 novembre 2025
Lyrique, poétique, touchante et dramatique à la fois, cette œuvre sur l’enfance des quatre-cents coups en pleine modernité iranienne va droit au cœur.
- Réalisateur : Ebrahim Ashrafpour
- Acteurs : Ilia Habibi Rad, Mohammad Sadeghi Hassanvand, Kazem Einali
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Durée : 1h25mn
- Titre original : Baad Dar Kestzar-ha-ye Neyshekar
- Festival : Festival Nouvelles Images Persanes 2025
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Résumé : Le père de Younes est arrêté lorsque le patron de l’usine sucrière l’accuse d’avoir mis le feu aux champs de canne à sucre. Younes, 11 ans, découvre que, la nuit de l’accident, son père, figure emblématique des grèves et des manifestations, était occupé à une réunion avec les autres ouvriers pour discuter de leurs revendications. Il tente alors de faire comparaître les témoins devant le tribunal. C’est le point de départ de son voyage : celui d’oublier sa passion pour le football et de soulager sa famille…

- Copyright Shima Abedinzade
Critique : Ebrahim Ashrafpour l’avoue lui-même : pendant tout le tournage, il a été obsédé par la trace de François Truffaut. Pas étonnant pour un réalisateur iranien dont le cinéma a connu sa Nouvelle Vague, dans un pays qui n’a de cesse d’hésiter entre créativité et bridage politique. That Wind That Shakes the Sugar Canes est un film sur l’enfance et pas n’importe quelle enfance. Celle qui voudrait faire droit à une plus grande justice sociale, des rémunérations réelles des salariés, et des formes de gouvernance d’entreprise qui puisent leurs ressources dans l’affirmation des libertés et de la démocratie.
Sans doute faut-il voir dans cette entreprise qui broie les subsides de champs de cannes à sucre pour installer son industrie et ses arrestations sommaires, une métaphore du régime en place. La belle naïveté du petit héros qui voudrait devenir footballeur tranche avec la brutalité d’une société qui ne recule devant aucune manipulation pour faire taire la parole des syndicalistes. Le père de Younes est justement accusé d’un incendie qu’il n’a pas commis, là où paradoxalement la même entreprise met le feu aux champs de canne à sucre qui semblent les derniers remparts contre une industrialisation galopante.
That Wind That Shakes the Sugar Canes raconte tout ce que l’on sait de l’Iran mais que l’Occident refuse de regarder : la désertification programmée des espaces avec ses conséquences désastreuses pour l’eau, la mainmise des hommes de pouvoir sur les dominés, et la perpétuation d’un régime fondé sur la terreur. En même temps, le film expose l’innocence de l’enfance à travers les traits de ce petit Younès qui donne au récit une épaisseur à la fois naïve et puissante, à la façon d’un tableau du Douanier Rousseau. La couleur est très belle, avec ces saignées de verdure au milieu du désert et ces feux gigantesques qui dévorent les champs de canNe à sucre.
Le long-métrage est une vraie réussite malgré quelques défauts d’un premier film de cinéma. La fin est loin d’être aboutie mais le sentiment de douceur prévaut dans un récit pétri des paradoxes iraniens. La tension s’accroît progressivement avec, en bout de course, le constat tragique que rien n’est possible face aux dominants. Le spectateur reste prostré face à de telles atrocités, et surtout l’impuissance qu’il ressent à combattre l’injustice. That Wind That Shakes the Sugar Canes est une œuvre forte, sincère, où le tragique se mêle à l’innocence, formant un magnifique écrin de poésie et de douceur.
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