Le 18 juin 2025
Si l’on comprend très bien les vertus pédagogiques et militantes du documentaire à travers les jeunes gens qu’il met en scène, le propos demeure très sage, laissant penser qu’il est moins adapté pour le cinéma qu’à un écran de télévision.
- Réalisateur : Karim Mahdjouba
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Panoceanic Films
- Durée : 1h10mn
- Date de sortie : 24 septembre 2025
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Résumé : Depuis 2017, l’association Coral Gardeners de Moorea, en Polynésie française, se mobilise pour replanter du corail dans les fonds sous-marins de Moorea. Cette initiative menée par Titouan Bernicot, vingt et un ans, regroupe aujourd’hui des bénévoles de quatorze à vingt-cinq ans. Cette mobilisation est le fruit d’un constat : le blanchissement des coraux dû au réchauffement climatique et la disparition de ces organismes vivants nécessaires à la biodiversité marine est une tragédie sans précédent. Pour combattre cette situation, les jeunes ramassent les coraux cassés, malades, les soignent et les réparent dans leurs fermes marines et les réimplantent dans les récifs coraliens…
Critique : Celles et ceux qui prétendraient que la jeunesse contemporaine n’est pas engagée découvriront absolument le contraire en visionnant ce documentaire. En effet, le réalisateur met en scène un jeune héros des temps modernes, passionné de surf, qui fait le triste constat avec ses camarades d’enfance que les océans sont au bord de l’agonie, à commencer la barrière de corail de l’océan Pacifique. Le jeune homme décide alors de sauver les eaux en greffant des coraux dans la mer, grâce à une colle 100 % naturelle. Il ne mène pas les choses seul : bien au contraire, il entraîne dans son projet passionnant et passionné toute une bande de jeunes entre quatorze et vingt-cinq ans.
Titouan, l’enfant du corail est un film à vocation militante. L’enjeu une fois de plus est de culpabiliser les spectateurs sur le réchauffement de la planète, qui cause autant de dégâts sur la planète. Heureusement, il y a des solutions et le jeune homme, appuyé par des scientifiques, fait la démonstration que le futur est de nouveau possible avec cette belle jeunesse engagée. On nage en fait en plein angélisme, loin du style documentariste qui tente de montrer le monde dans toutes ses facettes, même les plus sombres. On aurait presque envie de croire que la faillite de la planète a trouvé sa solution dans ces jeunes idéalistes qui composent entre leur investissement, la fabrication de produits biologiques viables, et leur passion du surf.

- Copyright Panoceanic Films
Titouan, l’enfant du corail souffre d’un grand nombre d’écueils cinématographiques et formels qui pèsent sur l’intérêt et les intentions nobles du réalisateur. La musique par exemple semble sortie d’une boîte à rythme américaine, accompagnant de manière pesante l’ensemble du documentaire. De même, les plongées dans l’univers merveilleux des fonds marins apportent moins au propos général qu’elles ne laissent supposer que la réalisation comble le manque de matériel filmique avec ces images quasi touristiques. On perd alors de vue l’enjeu militant pour se jeter dans un reportage télévisuel sur les animaux marins. A ces maladresses s’ajoutent des interviews trop codées ou encadrées qui enlèvent toute spontanéité dans les témoignages de Titouan et ses amis.
Le documentaire souffre en réalité d’un vrai souci d’écriture. Il ne manque évidemment pas d’intérêt mais se heurte à un style qui ressemble moins à du cinéma qu’à un objet conçu pour la télévision ou un support pédagogique. Un documentaire doit emporter son spectateur dans une histoire, là où nous restons enfermés dans une logique informative descendante, de surcroît culpabilisante, étayée de discours de scientifiques qui ne se confrontent pas à la contradiction. Titouan, l’enfant du corail manque d’ambition et d’épaisseur, faute sans doute de moyens et de temps dans la réalisation. Karim Mahdjouba a le mérite pourtant de s’engager dans une démarche de cinéma qui rend compte d’un courage salutaire de défendre la préservation du territoire polynésien.


























