Critique

LIVRE

Traverser la nuit - Hervé Le Corre - critique du livre

Le 21 janvier 2021

Malgré la noirceur de son récit, Hervé Le Corre distille quelques lueurs d’espoir, vacillantes, entre violences faites aux femmes et épuisement policier.

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Crédits : Rivages Noir
  • barboteuse 6 février 2021
    Traverser la nuit - Hervé Le Corre - critique du livre

    Toujours cette écriture précise d observateur social..ayant vécu à bordeaux en même temps qu Hervé lecorre je crois même avoir reconnu ce bar à tapas ou les flics se rencontrentl nuit et qui comme moi a sans doute été fréquenté par l auteur alors étudiant.. et on cherche à savoir si la lumière bretonne viendra au bout du tunnel...

  • Kirzy 9 février 2021
    Traverser la nuit - Hervé Le Corre - critique du livre

    Hervé le Corre ne choisit pas la facilité en faisant reposer son dernier roman sur un trio ultra stéréotypé qu’on a l’impression d’avoir moultes fois rencontré dans les polars ou romans noirs. Louise, la mère de famille en détresse, harcelée et violentée par son ex, se trainant dans un présent encombré des relents d’un passé douloureux. Jourdan, le flic fracassé par les crimes et à la misère qui l’entourent, vacillant entre tristesse et rage. Christian, le tueur en série féminicide sous emprise d’une mère toxique.

    Tous sont à la dérive, tous cueillis à un moment de leur vie où tout peut basculer, où tout va basculer. Les personnages circulent dans un Bordeaux hivernal crépusculaire, noyé sous la pluie, le brouillard ou le vent dans une ambiance météorologique à la Seven. Oui, c’est du déjà vu et lu. Mais cette sensation se dissipe très vite car Hervé le Corre a un regard fort et l’oriente très loin d’une énième enquête policière. S’il épouse les lignes de faille et de fuite de ses trois personnages, c’est au profit d’une réflexion profonde, à l’acuité dérangeante, sur les origines du mal et du crime, le tout placé dans un contexte social et politique pleinement assumé.

    Comment rester droit face à la noirceur du monde ? Hervé le Corre y répond avec beaucoup d’humanité pour ceux qui vivent en marge, broyés par une vie qui se déroule sans qu’ils puissent l’orienter en leur faveur. C’est terriblement sombre, pessimiste même. L’auteur sait dire les cris étouffés, les douleurs enfouis, les rêves avortés, le suintement de la peur, le glissement vers la colère sourde, la souffrance des faibles. Toujours avec pudeur et dignité, sans la moindre once de complaisance.

    Cette nuit permanente est parfois éclairée de quelques rais, notamment avec le beau personnage de Louise, mais ces brasillement sont fugaces. le dénouement est terrible, il m’a transpercée de toutes parts, me laissant groggy et bouleversée. Peut-être qu’en fait la lumière vient de la maitrise magistrale de l’auteur à naviguer dans le genre roman noir. La construction d’abord, remarquable d’intelligence dans la montée en tension narrative, par la croisée des trajectoires jusqu’à ces cinquante dernières pages époustouflantes d’intensité.

    Et puis, il y a cette écriture ciselée, à la musicalité flirtant avec la poésie. Des mots qui chaloupent et construisent leur propre histoire lorsqu’ils s’agencent dans de longues phrases évocatrices, avant de s’accélérer dans un rythme syncopé. Sauvages et crues, justes toujours.

    " Il écoute au plus loin qu’il peut l’écoulement épais et croit pouvoir suivre sa chute jusqu’à l’égout. Il imagine à cet instant toutes ces saletés qui sortent des corps, retenues pendant la nuit, et il sait bien que les humains se défont de leur fange, se purgent de ce qu’ils ont accumulé des heures durant, résultat de toutes leurs activités de la journée, puisque c’est à ça qu’ils se résument, de molles machines à fabriquer de la merde, il sait bien, lui, que tout le jour ils vaqueront sous leur masque avenant, drapés, enrobés dans leurs habits, déguisés en êtres civilisés, travestis pour le grand carnaval sordide, grands singes savants, guenons rusées, tâchant de dominer leur état de rut permanent, leur violence, leurs rêves de puissance, leurs envies de meurtre, ces pulsions d’animaux qu’ils nomment amour, désir, ambition, ces mots qu’ils utilisent comme du papier hygiénique pour torcher leurs turpitudes."

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