Le 25 septembre 2025
Tu me ressembles frappe par son immersion intense et la justesse de Mouna Soualem, qui donne chair à une jeunesse en perdition. Malgré quelques effets parfois trop appuyés, le film reste un coup de poing nécessaire qui laisse une empreinte durable.
- Réalisateur : Dina Amer
- Acteurs : Grégoire Colin, Zinedine Soualem, Sabrina Ouazani, Mouna Soualem, Lorenza Grimaudo, Ilonna Grimaudo
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Français, Égyptien
- Durée : 1h30mn
- VOD : UniversCiné
- Festival : Festival de Venise 2021
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– En VOD sur UniversCiné depuis le 22 septembre 2025
– Année de production : 2021
Résumé : Hasna Aït Boulahcen est confrontée aux traumatismes intergénérationnels et aux tensions culturelles de la banlieue parisienne. Séparée de sa sœur, elle erre en quête d’identité, jusqu’à faire un choix tragique qui attirera l’attention du monde entier.
Critique : Dans Tu me ressembles, Dina Amer s’empare d’un sujet brûlant avec une audace rare : raconter l’itinéraire d’Hasna Aït Boulahcen, connue à tort des journaux télévisés comme la première femme kamikaze d’Europe. Mais avant de d’être à l’origine d’un fait divers glaçant, Hasna fut une enfant. Le film commence là, dans l’enfance d’Hasna et de sa sœur, deux fillettes marquées dès les premières images par une violence sourde. La caméra, constamment à hauteur d’enfant, nous plonge dans leur monde avec une proximité troublante. On ne sait plus très bien où s’arrête la fiction et où commence le documentaire, tant les visages et les gestes filmés semblent arrachés au réel. Ce choix confère au récit une force immersive qui bouscule le spectateur, mais s’avère également déroutant lors de premières minutes pourtant cruciales pour accrocher l’attention.

- © 2021 D’Artagnan. Tous droits réservés.
Au fil des séquences, Dina Amer dresse le portrait d’une jeunesse prise en étau, rejetée à la fois par la France et par ses propres racines. La mère, figure d’exil et de rancune, met sa fille dehors à dix ans. L’adolescence puis les premières années adultes d’Hasna se déploient dès lors dans un entre-deux étouffant : ni pleinement européenne, ni tout à fait musulmane, elle erre en quête d’une identité, d’un foyer, d’un amour qui lui échappent sans cesse. Elle cherche un exutoire dans les excès et se heurte, encore et toujours, à une violence inouïe qui alimente une profonde instabilité. C’est dans cette faille, dans ce besoin désespéré de repères, que finit par s’engouffrer le discours islamiste, relayé par une connaissance d’enfance. La radicalisation n’apparaît pas ici comme un basculement brutal mais comme une lente contamination, d’autant plus saisissante que le film nous invite à partager chaque étape de son désarroi.
La mise en scène, crue et nerveuse, porte la signature très marquée de Dina Amer. La réalisatrice n’hésite pas à souligner son propos par des effets parfois trop appuyés, qui peuvent momentanément faire sortir de l’histoire. Heureusement, la force du scénario et la justesse du jeu des acteurs maintiennent l’immersion, bien que le spectateur doive parfois lutter pour rester pleinement absorbé.

- © 2021 D’Artagnan. Tous droits réservés.
Mouna Soualem incarne Hasna avec une sincérité désarmante. Son jeu, à la fois fragile et incandescent, donne chair à une âme en perdition, en quête de reconnaissance autant divine qu’humaine. Le film montre comment l’affection, l’amitié, l’amour de la religion peuvent se mêler jusqu’à brouiller les repères, rendant l’embrigadement presque compréhensible. Cette proximité, qui suscite une empathie inattendue, est sans doute la plus grande réussite de Tu me ressembles. Le film n’excuse rien, ne condamne pas non plus : il montre, frontalement, comment une enfant abandonnée peut devenir le visage d’un drame collectif. Un film coup de poing, nécessaire, qui laisse longtemps son empreinte.
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