NIFFF 2025
Le 13 juillet 2025
U Are the Universe s’impose comme une œuvre européenne de science-fiction classieuse, ambitieuse et d’une grande tendresse, qui pourrait faire date dans le genre sur le Vieux Continent.
- Réalisateur : Pavlo Ostrikov
- Acteurs : Volodymyr Kravchuk, Leonid Popadko, Daria Plahtiy, Alexia Depicker, Maksym Maksymiuk
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Belge, Ukrainien
- Durée : 1h41mn
- Festival : NIFFF 2025
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– Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel 2025 : Compétition Internationale - Prix du Public et du Prix de la Jeunesse
Résumé : Andriy transporte des déchets nucléaires dans l’espace, seul, quand notre bonne vieille Terre explose. Il est le dernier humain dans l’univers, et doit affronter la solitude.

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Critique : Nombreux sont les récits de survivants, de dernier humain au monde. Bien souvent, ils se trouvent sur Terre, après une catastrophe par exemple. Et dans l’espace ? Qu’adviendrait-il ? Pavlo Ostrikov parvient à capter l’attention avec un principe de départ ludique et de nature à éveiller la curiosité : et si, moi, astronaute, me trouvais être le dernier représentant du genre humain, à des millions de kilomètres de la Terre ? Il expose la situation avec ce qui sera la note d’intention du film : un humour décapant et une vraie profondeur dans son propos.
Notre planète explose : il faut déjà noter que pour une fois, notre berceau se trouve être non pas le refuge idéal, à préserver, mais une arme de destruction massive, à cause des débris qu’elle a projetés dans la galaxie, qui obligent Andriy à s’en protéger. Cette inversion du rapport Terre-Homme est le déclencheur d’une folle aventure doublée d’un intense vertige : Andriy est le dernier des derniers, confiné dans une boîte de métal qui flotte dans le vide sidéral. Cette simple prise de conscience est de nature à nourrir les cerveaux épris de réflexion, mais Ostrikov tient sa ligne de crête : drôlerie, absurdité et développements métaphysiques. On dirait même : drôlerie et absurdités en vue de développements métaphysiques.
Loin d’un Christopher Nolan et Interstellar (2014), ou d’un Kubrick avec 2001 : L’odyssée de l’espace (1968), donc, qui posent leurs enjeux métaphysiques avec un caractère solennel et définitif. En rendant habilement hommage à cette glorieuse veine de la science-fiction, avec une des références à 2001 les plus drôles qui aient été inventées (la chaise de l’espace, pour les heureux qui auraient déjà vu le film), Ostrikov creuse un autre sillon, le sien, en rappelant qu’une des composantes de notre humanité est bien le rire.

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Andriy reçoit alors un signal de la part d’une astronaute française, Catherine, non loin de lui à l’échelle cosmique. Ce premier retournement de situation, un peu attendu, n’empêche pas l’enthousiasme : une tendre et impromptue relation romantico-amicale se met en place, permettant à Volodymyr Kravchuk de dévoiler une palette de jeu saisissante. La dynamique entre les deux personnages, dont un jamais à l’écran, est réussie grâce à une écriture joliment ciselée, légère, et relativement crédible dans le contexte. La quête d’Andriy consiste naturellement à tenter de la rejoindre, dans un élan désespéré.
Enrobé dans une direction artistique bluffante, étant donné ses moyens en comparaison avec nos voisins outre-Atlantique, le film rappelle que l’ambition visuelle est surtout une affaire de mise en scène : dans un espace le plus souvent confiné, Ostrikov fait preuve de suffisamment d’inventivité pour ne jamais ennuyer ni se répéter. Il n’hésite pas, avec parcimonie, à sortir sa caméra du vaisseau pour offrir quelques visuels sublimes qui renforcent la solitude du personnage, grand thème du film.
Ostrikov assume le message : l’humain doit créer du lien à tout prix (il le rappelle lors de la présentation de son film au NIFFF 2025). Il assume aussi le message géopolitique : une Française reste à tout prix au contact d’un Ukrainien dont le monde a explosé. Plus que de l’aider, il lui faut ne pas l’oublier, alors que le film a été conçu après l’agression du territoire ukrainien en 2022 (cela aussi, Ostrikov le rappelle volontiers, écartant la sur-analyse qui guette dès lors qu’on a affaire à un film ukrainien depuis 2022).
Il se paie le luxe de réussir là où tant d’autres ont échoué : sa fin, poétique à souhait sans mièvrerie aucune, conclut une expérience intense et diablement enthousiasmante.
L’Europe a donc les moyens de faire de la belle science-fiction, profonde, surprenante et ambitieuse.
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