Le 5 août 2025
Le plume de Mohammad Rasoulof transfigure dans ce récit portant sur des conflits de loyauté entre le devoir d’engagement politique et celui à l’égard de sa famille. Une œuvre prenante mais parfois trop appuyée.
- Réalisateur : Ali Samadi Ahadi
- Acteurs : Vishka Asayesh, Majid Bakhtiari, Tanaz Molaei, Sam Vafa, Sina Parvaneh, Melika Foroutan, Sima Seyed, Zanyar Mohammadi
- Genre : Drame, Politique
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : L’Atelier Distribution
- Durée : 1h53mn
- Titre original : Half Rooz
- Date de sortie : 6 août 2025
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Résumé : Myriam, activiste et militante pour les droits de l’Homme, est emprisonnée depuis des années en Iran loin de son mari et de ses enfants. Lorsqu’elle obtient enfin une permission pour raisons médicales, elle a sept jours pour décider de fuir le pays et retrouver sa famille ou de rester en Iran pour continuer sa lutte. Commence alors une véritable course contre la montre.
Critique : Elle a sept jours pour s’échapper d’Iran et retrouver ses enfants et son mari qui l’attendent pour l’occasion à la bordure de la frontière turque. Sept jours car Myriam est incarcérée et doit recevoir des soins pour ce qui ressemble à une attaque cardiaque récente. Son frère l’attend avec sa mère de l’autre côté de la prison, et tout est prêt pour qu’elle puisse retrouver les siens. Mais l’héroïne courageuse et engagée ne sait pas quelle attitude adopter face aux autorités iraniennes. Car après avoir retrouvé sa famille, elle souhaite continuer la lutte, qu’elle mène depuis si longtemps, en faveur de la démocratie et des femmes.
7 jours est un film allemand, réalisé par Ali Samadi Ahadi qui bénéficie de la double nationalité iranienne et germanique. On connaît le débat important chez les cinéastes iraniens qui pour certains opposent ceux qui font valoir le combat pour la liberté depuis l’étranger, et ceux comme Rasoulof ou Panahi qui, malgré tous les risques encourus, les peines déjà accomplies en prison ou depuis chez eux, choisissent de rester au pays et poursuivent leur travail d’artiste. C’est tout à fait le dilemme qui broie littéralement notre héroïne, partagée entre le militantisme et son désir de vivre sa maternité.

- Copyright L’Atelier Distribution
7 jours est construit en deux parties assez équilibrées. La première retrace la fuite du pays de Myriam, sous la neige, les coups de feu tirés depuis le haut des montagnes. Elle est emportée dans un réseau très structuré de passeurs, dont certains le font non pas pour se faire de l’argent mais pour rendre hommage à l’engagement militant de la mère de famille. La seconde raconte les retrouvailles avec son mari et surtout ses deux enfants. L’aînée est adolescente et, évidemment, le retour incertain de sa mère la pousse à mettre à l’épreuve Myriam ; quant au plus jeune, il n’a jamais vraiment vu sa mère puisqu’il était nourrisson quand elle a été emprisonnée. Le mari, lui, tente de retenir son épouse et de faire valoir le devoir parental avant le combat militant.
Il y donc dans l’entreprise cinématographique d’Ali Samadi Ahadi une réflexion très forte sur les limites de l’engagement politique. La question est d’autant plus sensible que le mouvement Femmes, Vie, Liberté a soulevé bien des espoirs et a été rabroué brutalement par les forces militaires du régime des mollahs. On sait aussi la manière très pernicieuse avec laquelle les autorités iraniennes maintiennent l’ordre dans leur pays et font pression auprès de la communauté internationale. En atteste encore récemment l’enlèvement du jeune baroudeur qui doit croupir dans une geôle redoutable et devrait servir de monnaie d’échange entre la France et l’Iran.

- Copyright L’Atelier Distribution
Le film d’Ali Samadi Ahadi arrive sur les écrans français à quelques semaines du phénomène cannois 2025 Un simple accident. Comparaison n’est pas raison, mais 7 jours souffre dans sa mise en scène d’un soupçon mélodramatique, qui fait perdre de vue la portée politique puissante du propos. Les hommes qui peuplent les montagnes ou les villages semblent de terrifiants conspirateurs, face à une Myriam qui ne cesse de jouer avec son voile. Elle n’hésite pas à dénouer totalement ses cheveux devant une femme en burqa, ce qui laisse un peu de doute sur la vraisemblance du récit.
Mais en dehors de ce défaut, le récit fonctionne absolument bien. Le spectateur est pris dans cette tension qui écartèle Myriam, avec une empathie immédiate pour les deux enfants qui n’ont rien demandé et ne cherchent qu’à grandir sereinement. Le combat de leur mère n’est pas le leur, et ils subissent finalement son manque de présence, ce qui les pousse à des formes de provocation ou de mise en danger assez légitimes. 7 jours s’inscrit dans une tonalité très cornélienne, avec au cœur, la tragédie d’une femme déchirée entre ses pulsions maternelles et la volonté farouche de lutter contre un pouvoir maltraitant et dangereux.
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