Le 26 octobre 2024
- Dessinateur : Valentin Seiche
- Genre : Aventure, Fantasy , Conte
- Editeur : Kinaye
- Famille : BD Franco-belge, Manga
- Date de sortie : 25 octobre 2024
Vivre un monde crépusculaire de fantasy en proie à une malédiction : c’est le pari de Valentin Seiche.
Résumé : Une malédiction entraîne peu à peu le monde vers la désolation lente, avec les transformations des personnes en monstres, les déserts qui s’agrandissent... La Lance du Destin devait apporter un remède, et Isha, Forgemaudite de renom, semblait devoir la trouver. Mais son échec condamne son monde...
Critique : Lorsqu’il publie dans le magazine Punch ! la nouvelle "Maudite", Valentin Seiche a probablement en tête une version plus développée, plus ouverte, plus sombre aussi, de ce qu’il pourrait faire. Dark World, sous-intitulé "Rêve d’un futur ébréché", est effectivement ce développement, et la réédition de la nouvelle en fin d’album est une bonne surprise, aussi bien pour ceux qui la connaissaient que pour les néophytes, amenant une fraîcheur et un prolongement à cette quête familière, poétique et quelque peu tragique. En effet, le sous-titre faisait apparaître cette poétique tragique, et l’album s’ouvre puis engloutit le lecteur dans une aventure qui n’est pas habituelle pour un monde de fantasy : l’échec de son héroïne renvoie de fait à une quête intérieure, et le but final de la BD réside dans le dessin d’une émotion, ou plutôt d’un sentiment et d’une aspiration, celle de la résilience. Moteur du scénario, la résilience montre les regrets, l’oubli, le pardon et les remords tiraillaient tour à tour Isha, lui agrège une dizaine de personnages secondaires aussi intéressants que variés, lui apporte des situations sans action violente mais avec une réflexion permanente, créant une œuvre pas seulement destinée à la jeunesse, mais bien universelle.
© Kinaye / Seiche
Le trait, et surtout la couleur, choisi par Valentin Seiche, ressemble à une délicate dérivation du manga, ou plutôt d’un animé de Miyazaki, qui oscille entre Nausicaa et Kiki la petite sorcière selon les scènes qu’il veut montrer. Ses personnages sont tendres, paraissent quasiment doux au toucher lorsqu’ils sont baignés par des couleurs brunes et ôcres, et lorsque le vert se découvre, on ne sait pas s’il est hostile ou protecteur, signe que la Nature est au centre des idées, thème incontournable et enraciné - c’est bien le mot pour cet album - dans les décors et dans les corps de ceux qui habitent ce "Dark world". Pourtant, la violence est étrangement absente, en tout cas trop lente ou cachée pour être effrayante, comme si ce monde au nom si obscur était en fait une apparence trompeuse, une fin programmée pour que quelque chose de nouveau puisse émerger.
Dans un style de manga délayé par des couleurs et un pinceau plus épais et une ambiance de monde et de héros voués à l’échec, Dark World se révèle être un album d’une étonnante clarté et d’un pessimisme assumé, pour en faire jaillir son thème, la résilience d’une héroïne désabusée.
128 pages – 20,90 €
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