Don’t cry for it Argentina
Le 12 juillet 2018
Hampton aborde l’une des pages les plus sombres de l’histoire argentine, du point de vue d’un thriller mélodramatique. Bancal.


- Réalisateur : Christopher Hampton
- Acteurs : Antonio Banderas, Emma Thompson, Claire Bloom
- Titre original : Imagining Argentina
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : La Fabrique de Films
- Editeur vidéo : Paramount Home Entertainment
- Date de sortie : 23 mars 2005
- Durée : 1h47mn
- Box-office : 13.204 entrées France / 7.130 entrées Paris Périphérie
L’argument : En Argentine, comme trente mille personnes, Cecilia, une journaliste engagée, a disparu mystérieusement pendant la dictature militaire (1976-1983). Son mari, qui se découvre un don de clairvoyance, va alors remuer ciel et terre pour la retrouver, provoquant ainsi le courroux du général Guzman, responsable des disparitions de civils trop encombrants, et mettant ainsi la vie de ses proches en danger.
Notre avis : Saviez-vous que l’on parle anglais en Argentine ? Non ? Vous avez alors les deux pieds sur terre ou bien vous n’avez pas encore vu Disparitions, la dernière mauvaise leçon d’Histoire que le cinéma nous offre cette année, après l’épouvantable Alexandre. Sous prétexte d’aborder un pan douloureux de l’Histoire argentine, Christopher Hampton, réalisateur d’un Carrington déjà bien moyen, se permet des raccourcis gênants pour mieux toucher le grand public. Il dirige un casting de stars, Banderas, qui n’en finit plus de mal jouer avec son regard terne, et Emma Thompson, décidément trop britannique pour parvenir à rendre crédible son rôle de militante argentine. Les ambitions commerciales internationales de cette coproduction britanno-hispanique imposent donc le choix d’une version anglaise douteuse pour un film qui, au lieu d’être un drame psychologique historique, se contente de donner dans le thriller fantastique bas de gamme.
Hampton n’avait visiblement pas la carrure pour porter un projet aussi difficile. En préférant jouer avec le pathos pour essayer de gagner l’adhésion du public sur un sujet aussi poignant que celui de Disparitions, il ne rend nullement hommage aux trente mille disparus. Il opte pour la facilité, utilisant des métaphores comme les oiseaux, symboles d’évasion, ou encore la mer purificatrice, qui nous donnent plus l’occasion de sourire que de nous laisser transporter face à la poésie des rares scènes esthétiquement ambitieuses de ce projet mort-né.
Et que penser du parti pris fantastique du film ? Banderas visionnaire sait exactement ce qui arrive ou ce qui est arrivé à chacun des disparus recherchés par les familles qui le contactent. Il fait un sans faute avec une aisance qui en dit long sur les talents scénaristiques de Hampton. Quand on rajoute à cela la lourdeur du dénouement final, les insupportables scènes de geôles dont le seul but est d’horrifier le spectateur, ou encore les retournements de situation rendus prévisibles par la lourdeur de la mise en scène, on se dit que Hampton aurait dû laisser ce projet à un réalisateur concerné, qui ne se serait pas contenté d’adapter un roman (Lawrence Thornton, Imagining Argentina (PEN award du meilleur ouvrage en 1987), édité en France chez Flammarion (1992) sous le titre Les fantômes de Buenos Aires, ]], mais qui aurait parlé avec son cœur blessé. Il manque à Disparitions une sincérité et une légitimité dans sa démarche. Il lui manque tout simplement une âme.
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