Le 3 novembre 2025
Inventif et savamment corrosif, ce film d’animation de Bill Plympton est un petit bijou d’imagination.
- Réalisateur : Bill Plympton
- Acteur : Ken Mora
- Genre : Animation
- Nationalité : Américain, Français
- Distributeur : ED Distribution
- Durée : 1h20mn
- Titre original : Slide
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 5 novembre 2025
- Festival : Festival d’Annecy 2023
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– Année de production : 2023
Résumé : Slide, un cowboy solitaire armé de sa seule guitare, arrive dans la ville forestière de Sourdough Creek, gangrénée par la corruption. Le maire et son frère jumeau y sèment la terreur et se préparent à raser un petit village de pêcheurs pour ériger Monte-Carlo del Norte, un lotissement de luxe qui servira aux besoins du tournage d’un film hollywoodien. Prêts à tout pour s’enrichir, ils n’auront aucun scrupule à mettre en danger l’équilibre de la communauté et de l’environnement et à tuer quiconque s’opposera à leur projet...
Critique : Qui pourrait contester que la musique soulage l’esprit et les cœurs ? En tous les cas, pas Slide, ce cow-boy solitaire, assoiffé après des mois et des mois sous le cagnard de l’Ouest américain, qui, armé de sa guitare, arrive sur la commune de Sourdough Creek. La ville forestière à la façon d’un Twin Peaks, avec ses forêts immenses et ses usines à bois, croule sous la corruption, ce auquel s’ajoute une considération des plus médiocres à l’égard sexe féminin. Et les politiques en rajoutent, jusqu’à ce que le maire et son frère aient l’idée totalement saugrenue de détruire un petit village de pêche pour ériger un hôtel de luxe et répondre à la demande d’un producteur de construire un studio de cinéma. Le projet de Monte-Carlo del Norte s’engage alors à coups de bulldozers effrayants et de populisme à la Trump qui tend à terroriser les populations béates.
Duel à Monte-Carlo del Norte s’annonce donc comme autant un petit joyau d’animation qu’une féroce critique politique d’un certain État de l’Amérique profonde. On comprend mieux alors comment le vote populiste a fait venir au pouvoir un homme dont le comportement ressemble étrangement à celui de ce maire, instable et colérique. Mais la musique est là pour adoucir les mœurs, ou au contraire remettre l’église au milieu du village et faire droit à la sérénité et à la douceur de vivre. L’imagination sans limite, voire parfois délirante de Bill Plympton, est au service d’un conte aussi foutraque que furieusement drôle. On y rencontre une espèce de gros cloporte sorti de l’enfer et une ribambelle de personnages attachants, cocasses et débonnaires.

- Copyright ED distribution
On ne peut pas parler de ce film sans saluer le style de dessin de l’animation. Il y a dans la manière de donner vie aux personnages un esprit qui rappelle la bande dessinée dans ce qu’elle peut avoir d’inventif et de corrosif. Le trait est extrêmement précis, inscrit dans une culture du film d’animation des années 1940, quand Walt Disney s’essayait à donner vie à un Mickey drôle et énergique. Le réalisateur fait montre d’une très grande attention dans la mise en mouvement des personnages qui rend compte à la fois d’un travail titanesque et du sentiment que les choses sont simples à dérouler. c’est là tout l’art des grands créateurs qui font croire que leur pratique artistique ne requiert pas de travail. À l’heure de la quasi-facilité du numérique et de l’intelligence artificielle, Bill Plympton revisite le film d’animation à la manière des premiers artisans du début du cinéma.

- Copyright ED distribution
Il ne faut pas non plus se contenter de la seule approche esthétique du film. Si l’inventivité est en permanence convoquée dans des courses-poursuites haletantes et des personnages hauts en couleur, le cinéaste ne se prive pas de dresser un sévère constat sur la société américaine. Le populisme semble la marque de fabrique essentielle de cette ville boisée, d’autant qu’elle est nourrie de la promesse du profit, de l’enrichissement sans limite. On ne peut pas dire que les femmes ou les écologistes ont leur mot à dire dans cette entreprise de destruction du monde, obligeant alors une sorte de gros insecte monstrueux à sortir de son bois pour remettre de l’ordre dans cet univers.
Duel à Monte-Carlo del Norte n’est jamais outrancier ou vulgaire. En cela, le film s’adresse à tous les publics, et chacun y verra, selon son âge et son expérience, une signification particulière. Les adolescents seront sensibles à ces scènes et à ce rythme totalement déjantés, là où les adultes y percevront l’aspect plus cérébral du propos. Voilà un long métrage qu’on ne cessera pas de revoir tant il y a de détails, de ressources et d’imagination dans ces à peine 1 heure 20.
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