Le 26 octobre 2025
Un documentaire attachant, autoportrait pudique qui traite avec acuité le thème du retour d’exil et des fragilités communautaires.
- Réalisateur : Déni Oumar Pitsaev
- Genre : Drame, Documentaire, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 22 octobre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Déni est le nouveau propriétaire d’un petit lopin de terre dans une vallée isolée en Géorgie, à la frontière de la Tchétchénie dont il est exilé depuis l’enfance. Il débarque là-bas et projette d’y construire une maison qui tranche drôlement avec les coutumes locales. Un fantasme qui ravive ses souvenirs et ceux de son clan déraciné qui pourtant ne rêve que d’une chose : le marier !
Critique : Présenté à la Semaine de la Critique 2025, Imago a obtenu deux récompenses : le Prix French Touch du Jury de cette section, présidé par Rodrigo Sorogoyen ; et l’Œil d’or, qui distingue le meilleur documentaire du Festival de Cannes, toutes sections confondues, et dont le jurés étaient réunis autour de Julie Gayet. Un beau doublon pour Déni Oumar Pitsaev, dont il s’agit du premier long métrage. C’est également le premier film de la productrice, Alexandra Mélot, pour Triptyque Films. Né en Tchétchénie, le réalisateur a passé son enfance et son adolescence entre Grozny, Saint-Pétersbourg et Almaty. Exilé en France, il a étudié à Sciences po avant de suivre un cursus de cinéma puis d’arts audiovisuels en Belgique. C’est un projet très personnel qu’il concrétise avec cette coproduction franco-belge, dont Mathilde Trichet est la coautrice, et qui a été tournée avec une petite équipe comprenant les chefs opérateurs Joachim Philippe et Sylvain Verdet ainsi que les monteurs Laurent Sénéchal et Dounia Sichov. Autoportrait sous forme d’un « documenteur », Imago filme le « retour au pays » (provisoire ?) du cinéaste, accueilli par des proches au Pankissi, une enclave religieuse et linguistique, située en Géorgie et peuplée surtout de Tchétchènes.

- © 2025 Triptyque Films. Tous droits réservés.
Des parents éloignés lui ont permis d’être propriétaire d’un terrain sur lequel il projette de construire une maison au style architectural pas du tout en conformité avec les usages locaux et le paysage. Qu’importe pour les proches, qui sont tout de même dubitatifs ! L’essentiel n’est-il pas que ce bientôt quadragénaire renoue avec ses racines communautaires et trouve au plus vite une épouse ? Le contraste est saisissant entre le mode de vie, que l’on devine occidental, du cinéaste, et le système des valeurs d’habitants qu’il côtoie à nouveau ou dont il fait connaissance. Pourtant, les échanges sont sincères et le sens de la nuance l’emporte sur les schématismes. Déni Oumar Pitsaev ne dépeint pas une micro-société fermée et réfugiée dans ses coutumes ancestrales. L’humour est même présent dans des conversations, même s’il est parfois teinté de mélancolie, comme ce merveilleux passage où une femme raconte ses rêves de jeunesse (étudier le théâtre, effectuer un stage en Allemagne), balayés par son entourage au nom de valeurs patriarcales.

- © 2025 Triptyque Films. Tous droits réservés.
Et concernant ses liens avec ces villageois, le réalisateur précise dans le dossier de presse : « Je redoutais la réaction de la population locale. Dans la région ont été tournés de nombreux reportages réalisés par des journalistes venus et repartis avec toujours les mêmes images préfabriquées. La méfiance était donc assez grande. J’ai dû lutter pour expliquer que je n’étais pas un journaliste, que je ne tournais pas un reportage mais un vrai film. Les gens ont commencé par se demander qui cela pouvait bien intéresser, puis ils se sont habitués à moi. Je parle leur langue, ce qui a été essentiel. J’ai également senti qu’il était important pour eux que la région me plaise. Ils aimaient l’idée que je sois différent. » Hymne à l’échange et à la tolérance, Imago prend une tournure plus intimiste quand le film aborde les relations entre le cinéaste et son père, que l’on voit à l’écran. C’est le moment le plus fort de cette œuvre, tant au niveau du dispositif filmique que par l’émotion sincère qu’il distille. On aurait aimé que tout le long métrage soit de cette envergure, car Imago souffre de quelques longueurs et redondances. Mais ce journal de voyage, regard à la fois bienveillant et distancié sur une parentèle et une culture peu connue, mérite un vrai détour.
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