Le 22 juin 2025
Peut-être le chef-d’œuvre de Shinji Sōmai. Ce récit d’initiation, entre gravité et humour noir, poésie et réalisme, est un sommet du cinéma japonais.


- Réalisateur : Shinji Sōmai
- Acteurs : Rentarō Mikuni, Naoki Sakata, Yasutaka Oh
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Survivance Distribution
- Durée : 1h53mn
- Titre original : Natsu no niwa: The Friends
- Date de sortie : 4 juin 2025

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– Année de production : 1994
Résumé : Pendant leurs grandes vacances, dans un Kobe écrasé de chaleur, trois jeunes amis en mal d’aventures se questionnent sur la mort et se passionnent pour le jardin abandonné d’un ermite qui les fascine. Petit à petit, les trois garçons et le vieil homme se lient d’amitié. Ils se mettent en tête de rénover sa maison qui va devenir leur terrain de jeu et d’apprentissage le temps d’un été inoubliable.
Critique : En quelques mois, le distributeur Survivance a permis de découvrir trois films de Shinji Sōmai (1948-2001). Cet ancien assistant réalisateur de la société Nikkatsu s’était lancé dans la mise en scène en 1980 et a signé douze longs métrages, jamais sortis dans nos salles. Nous avons pu être émerveillés par Déménagement (1993), récit d’une petite fille perturbée par la séparation de ses parents ; tourné huit ans après Typhoon Club (1985), teen movie inclassable, qui proposait une métaphore à la fois déconcertante et fascinante des névroses de la société nipponne. Adapté d’un roman pour la jeunesse de Kazumi Yamoto, Jardin d’été semble la synthèse des deux œuvres précitées. L’enfance y est abordée à l’instar du Déménagement, les fortes émotions ressenties par les jeunes garçons faisant écho à celles de la petite fille ; les deux films montrent aussi une nature omniprésente, ou presque. De Typhoon Club, on retrouve le mélange des genres (du semi-burlesque au mélodrame traitant de la mort), ainsi qu’un huis clos en plein air, la maison du vieillard prolongeant le microcosme de la cour du lycée comme lieu de diverses initiations. En apparence plus linéaire et limpide, Jardin d’été est une splendeur, qui évite les deux écueils dans lesquels il aurait pu tomber, à savoir l’ésotérisme et le sentimentalisme.
- © 2025 Survivance. Tous droits réservés.
Lors d’un été caniculaire, à Kobe, trois enfants décident de s’intéresser au sort d’un vieil homme qui vit dans une maison délabrée. Entre humour noir et blagues potaches, ils l’espionnent et le pistent, et leur curiosité mal placée peut laisser croire à de la malveillance. Ils se font d’ailleurs rabrouer par le retraité lorsque celui-ci découvre leur manège. Mais la confiance réciproque finit par s’instaurer et les trois garçonnets vont même jusqu’à aider le vieux dans son quotidien : linge étendu, jardin débroussaillé, vitres remplacées… Ils l’appellent « grand-père », quand le propriétaire leur donne du « Sumo », « Lunettes » et « Tas d’os », surnoms liés à leur apparence physique… Le film n’a rien de l’œuvre consensuelle traitant en mode psychologique de l’obsession de la mort chez l’enfant ou l’adolescent, à l’instar de Jeux interdits ou Harold et Maude. Mais sa thématique est touchante, et se voit abordée dans un ton à la fois direct et décalé, réaliste et métaphorique.
- © 2025 Survivance. Tous droits réservés.
Et lorsque les gosses se mettent en tête de réparer le trouble affectif du vieil homme, le récit prend une autre tournure, qui culmine avec une séquence de visite à une vieille dame dont on ne sait si elle perd la mémoire ou feint l’amnésie. La mise en scène est sublime, la caméra surélevée filmant des personnages qui se débattent telles des abeilles dans une ruche, ou des plans fixes rappelant la démarche d’un Ozu, c’est-à-dire le meilleur du cinéma japonais, et du cinéma tout court. Mais c’est son onirisme discret (mais réel) qui fait surtout le prix de Jardin secret, à l’image de ces couloirs d’hôpital semblant suggérer le pire, ou de cet envol de lucioles qui surgit de façon opportune pour les protagonistes. Là encore, le réalisateur ne cherche pas la joliesse gratuite : ces instants s’inscrivent dans une démarche cohérente et harmonieuse. On l’aura compris : Jardins secrets (The Friends) est une œuvre majeure qui donne envie de découvrir tous les autres films d’un artiste important, trop longtemps occulté par les annales du septième art.
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