Killing Bono - la critique

L’argument : Dublin, 1976. Neil McCormick n’en doute pas : une vie de rock star l’attend. Avec son frère Ivan, ils vont créer Shook Up, le plus grand groupe de rock du monde ! Au même moment, Paul, leur camarade de classe, crée son propre groupe, U2, et se fait appeler Bono.
Mais Neil est persuadé que Paul n’a pas l’étoffe d’une star et que dans son ascension vers la gloire, Shook Up laissera U2 loin derrière lui...

Notre avis : Killing Bono. Voilà un titre accrocheur, voire légèrement putassier sur les bords, qui devrait attiser la curiosité à la fois des fans et des détracteurs du leader de U2. Rarement une icône pop plus célèbre que le Christ, comme disait Lennon, n’aura en effet autant divisé. Si certains sont en admiration devant ses multiples talents, d’autres éprouvent une profonde aversion envers cette rock star aux chevilles parfois ampoulées, qui a décidé un jour qu’il allait sauver l’humanité. Pour être honnête, et en ce qui nous concerne, la personnalité de Bono nous importe peu. Mais s’il est vrai que la musique de U2 nous laisse indifférent depuis l’album Pop, c’est-à-dire depuis bientôt 15 ans, il n’en demeure pas moins que le groupe aura marqué, et même écrasé parfois, son époque grâce notamment à des albums aussi importants que Boy, October, War, The Joshua Tree dans les années 80 et surtout le diptyque Achtung Baby/Zooropa aux débuts des années 90.
Ce qui nous intéresse donc avant tout, ce n’est pas la figure de Bono, mais bel et bien celle de Neil McCormick, auteur d’une sorte d’autobiographie narrant sa véritable relation d’amour/haine avec le futur Bono, Paul Hewson, et dont ce film est l’adaptation ultra romancée. McCormick a tout du loser magnifique. Un mec passé à côté d’une vie qu’il a fantasmé jusqu’à l’aveuglement pendant de longues années, tandis que son ancien camarade de classe, lui, la vivait réellement et devenait une star planétaire. Galères, mauvais choix, malchance, rien ne lui a été épargné. Ces écueils ainsi que son obstination à ne pas profiter du succès de son ami, quitte à rester sur le bas-côté du chemin menant à la gloire, en font un personnage attachant et fascinant. Mais alors, pourquoi diable en rajouter ? Le sujet se suffisait à lui-même mais les scénaristes ont choisi de grossir le trait, d’embarquer l’histoire dans les contrées parfois périlleuses de la comédie sociale à l’anglaise, sans avoir ni le souffle ni le panache nécessaire. Sachant que le fond est vrai, l’exagération et la déformation comique de certaines situations nous laissent parfois incrédules et même gênés (cf. les déboires avec le gangster local).

Malgré ces lourdeurs, l’ensemble demeure plutôt sympathique. Les références et clins d’œil musicaux dans les dialogues, et la BO qui reprend des thèmes de U2 en les transformant légèrement, feront le bonheur des connaisseurs. Robert Sheehan confirme tout le bien que l’on pense de lui et nous fait d’autant plus regretter son absence au générique de la troisième saison de l’excellente série Misfits. Quant au grand Pete Postlethwaite, disparu en janvier dernier, il s’agit là de sa dernière apparition à l’écran, ce qui peut tout à fait justifier la vision de cette œuvre mineure.