Le 2 juillet 2025
Quentin Dupieux signe un quatorzième long-métrage s’inscrivant bien dans la continuité de sa filmographie, et réussit (encore) à nous séduire par un conte noir décalé mais toujours en phase avec son temps.


- Réalisateur : Quentin Dupieux
- Acteurs : Sandrine Kiberlain, Sava Lolov, Adèle Exarchopoulos, Jérôme Commandeur, Karim Leklou, Georgia Scalliet, Gabin Visona
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 2 juillet 2025

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Résumé : Magalie est une star du web hors sol et sans morale qui gagne des fortunes en postant des contenus choc sur les réseaux. Après un accident grave survenu sur le tournage d’une de ses vidéos, Magalie s’isole à la montagne avec Patrick, son assistant personnel, pour faire un break. Une journaliste détenant une information sensible commence à lui faire du chantage… La vie de Magalie bascule.
Critique : Ambiance Fargo, duo atypique et musique incessante rappelant Réalité, L’accident de piano commence bien, très bien. Interprété par une flopée d’acteurs en vogue (car chez le réalisateur, il n’y a plus que ça), dont entre autres Adèle Exarchopoulos, Sandrine Kiberlain, Karim Leklou et Jérôme Commandeur, le long-métrage de Quentin Dupieux s’avère encore une fois drolatique, divertissant, actuel et… fort noir. Car oui, il s’agit probablement du film le plus cynique du cinéaste. Ici, tout le monde en prend pour son grade : les créateurs de contenu et les artistes imbus d’eux-mêmes, les journalistes snobinards sur-intellectualisant les œuvres, les fanatiques considérant leur idole comme un objet, et bien sûr, car il semblerait que c’est le sujet auquel l’auteur tient le plus, les réseaux sociaux et leur bêtise profonde.
- © 2025 Chi-Fou-Mi Productions, Arte, France Cinéma Auvergne Rhônes-Alpes Cinéma / Diaphana. Tous droits réservés.
Mais attention : ne tombons pas dans la sur-interprétation comme le ferait le personnage de Sandrine Kiberlain avec celui d’Adèle Exarchopoulos (qui, par ailleurs, offre l’une de ses meilleures prestations). Car il ne faut pas oublier que chez Dupieux, il n’y a souvent (jamais ?) aucun sens à donner à son travail, comme il se targue de le dire. Ovni du cinéma français (mais est-ce toujours le cas ?), l’artiste polyvalent (scénariste, monteur, musicien, en plus d’être metteur en scène) semble pourtant avoir beaucoup à (re)dire de son temps. Juste après Le deuxième acte, celui-ci pourrait bien en être le troisième, là où le spectateur désabusé de Yannick laisse place à l’artiste exécrable, hors sol et méprisante incarnée par Adèle Exarchopoulos.
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Et comme à son habitude, le cinéaste pose les bonnes questions : les créateurs de contenus sont-ils des artistes ? Sommes-nous en train de glisser, lentement mais surement, vers une société complètement déshumanisée ? Nous n’irons pas jusqu’à dire que Quentin Dupieux se répète, mais certains sujets semblent sérieusement tourmenter le réalisateur. Mais après tout, on se moque de tout cela. Il faut plutôt voir ce conte noir pour se rendre compte (ou non) du pessimisme de l’artiste, ou bien simplement apprécier le décalage de son cinéma. Comme toute sa filmographie, le quatorzième film de Quentin Dupieux reste un geste artistique dont le cinéma français a bien besoin.