Le 20 avril 2025
Un premier long métrage au format insolite, prenant pour cadre la question migratoire en zone basque frontalière. Attachant.


- Réalisateur : Asier Urbieta
- Acteurs : Joxean Bengoetxea, Itziar Ituño, Jone Laspiur, Sambou Diaby
- Genre : Drame social, Policier
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Faisaien Irla / La isla de los faisanes
- Date de sortie : 23 avril 2025

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Résumé : L’apparition d’un cadavre sur l’île des Faisans fait irruption dans la vie de Laida et Sambou, un jeune couple qui vit à la frontière de la Bidassoa.
Critique : Coproduction franco-espagnole, L’île des Faisans est le premier long métrage d’Aser Urbieta, réalisateur attaché aux thématiques sociales et politiques, auteur notamment de courts métrages engagés. Le film a été coproduit par la Fidèle Production, société implantée au Pays basque français. L’originalité de l’œuvre est d’avoir été tournée sur l’île des Faisans, un minuscule territoire, sur la rivière Bidasoa, à la frontière entre l’Espagne et la France, et administrée par l’un ou l’autre des pays, en fonction de la période annuelle. Ce qui rend davantage complexe le traitement de la situation migratoire, les migrants étant l’objet d’un traitement rigide, et leur mort par noyade en tentant de franchir la rivière étant souvent suivie d’une lenteur judiciaire et policière ou de procédures bâclées. C’est ce contexte qui sert de cadre à un récit semi-policier, lorsque Laida et Sambou (d’origine africaine) assistent à un drame se déroulant sur la rivière. Le scénario mêle habilement la trajectoire de ce couple avec le désarroi plus général des migrants.
- © 2025 La Fidèle Production. Tous droits réservés.
Soudés et amoureux, les deux jeunes gens voient leur lien se déliter lorsque Sambou refuse de plonger pour aider deux hommes en train de se noyer. On songe ici à Snow Therapy de Ruben Östlund, la tonalité bergmanienne et décalée en moins. Les réseaux de solidarité (une ancienne professeure reconvertie dans l’humanitaire, un photographe bienveillant) pour retrouver la trace d’un disparu évoquent l’humanisme d’un Ken Loach, ce qui n’empêche pas Aser Urbieta d’apporter sa propre griffe, notamment par l’utilisation bienvenue de digressions (les masques de carnaval fabriqués par Laida et Sambou), qui s’avèreront ensuite être des éléments essentiels de la narration. Ces qualités étant précisées, on regrettera toutefois un relatif amateurisme technique dans quelques séquences, un manichéisme inhérent aux drames sociaux filmiques (les policiers bornés et sans compassion), des dialogues parfois maladroits et répétitifs (les reproches formulés par Laida à son conjoint), et une direction d’acteurs hésitante, malgré le jeu inspiré de certains seconds rôles professionnels (Itziar Ituño, Josean Bengoetxea).
On l’aura compris : L’île des Faisans n’a pas la puissance cinématographique de L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine et autres œuvres sur le drame des migrants. Malgré ces réserves, le film est recommandable pour les qualités que nous avons mentionnées ; par ailleurs la sincérité d’Aser Urbieta ne fait aucun doute : « J’ai voulu créer une atmosphère lourde et un regard profond qui s’abreuve de la réalité pour devenir un film qui donne envie d’agir et de repenser nos modèles du vivre-ensemble », explique le réalisateur dans le dossier de presse. Sur ce plan, l’objectif est indiscutablement atteint.
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