Goncourt 1975

Les statuts de l’Académie interdisent aux jurés de décerner deux fois le prix à un même auteur. Ainsi, La vie devant soi n’aurait pas reçu le Goncourt en 1975 si l’on avait su que derrière le mystérieux Emile Ajar se cachait Romain Gary. Car l’homme aux multiples pseudonymes a déjà été lauréat en 1956 pour Les racines du ciel. Le secret n’est dévoilé que cinq ans plus tard, après la mort de Gary, dans un texte posthume Vie et mort d’Emile Ajar.

Roman d’initiation à l’existence dans ce qu’elle a de plus ingrat, La vie devant soi met en scène un couple contre nature, Momo, le fils d’une "femme qui se défend avec son cul" et d’un "psychiatrique", et Madame Rosa, une vieille prostituée qui recueille les enfants de ses consœurs, dans le Belleville des Arabes, des Juifs et des Noirs qui partagent joyeusement leur misère. Gary conte cette histoire bouleversante avec un sens de l’humour inégalable, où apparaît en creux le cynisme un peu amer de celui qui ne regrette pas vraiment de ne plus l’avoir devant lui, sa vie.