Le 30 octobre 2025
Tout simplement l’art de mêler le Beau et le travail de deuil dans une page hors le temps, filmée comme un instant d’éternité.
- Réalisateur : Sharunas Bartas
- Acteurs : Sharunas Bartas, Ina Marija Bartaité, Una Marija Bartaite, Bryan Ordonez Ruiz
- Genre : Drame, Documentaire, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Mexicain, Lituanien
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 14 janvier 2026
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Résumé : Sur la côte pacifique mexicaine, la terre adoptée par Ina Marija avant de mourir trop jeune, son père et sa jeune sœur Una entreprennent un voyage dans ses pas. Là, au cœur de la nature luxuriante des mangroves - dans une lagune ravagée par les ouragans et qui ne cesse de renaître - ils entament le travail du deuil. Alors qu’il filme ce parcours, Sharunas Bartas, met à nu ses émotions et, dans un acte de transmission, cherche une reconstruction nourrie par les cycles naturels de la vie et de la nature.
Critique : Perdre son enfant demeure pour une vie, sans aucun doute, l’un des pires traumatismes. Et pourtant, quand le drame survient, il faut bien se résigner à continuer son chemin de vie. C’est tout le projet du cinéaste, Sharunas Bartas, qui revient sur les pas de sa fille, disparue au milieu d’une nature aussi fascinante que mystérieuse, celle de la Laguna où les mangroves transforment le monde en un petit paradis de beauté. Partout, autour de ce père endeuillé et de sa plus jeune fille, il y a des animaux sauvages prêts à combattre tous les ouragans, et qui ne désespèrent jamais de survivre, malgré l’incertitude des évènements climatiques.
Laguna est un documentaire inclassable, entre le rêve et le témoignage bouleversant de l’expérience de la mort. La caméra de Sharunas Bartas scrute avec une infinie patience les gestes de la nature, mais aussi ceux de ces habitants d’Amérique du Sud qui habitent des baraques de fortune, plantées au milieu de la forêt tropicale. Le réalisateur offre aux spectateurs un espace cinématographique d’une grande spiritualité où chacun des animaux, des fermiers rencontrés, raconte son rapport à la vie et au monde. Il n’y a pas d’exubérance, d’orgueil mal placé dans cette expérience artistique et personnelle, juste le désir de communiquer que le bonheur ne s’écrit pas dans la surconsommation et la frénésie des villes et du capitalisme.

- Copyright Shellac
Naturellement, le film parle beaucoup de la mort, mais aussi de son antonyme, à savoir le désir de vie. La nature ne s’offre pas comme un piège, mais comme une nécessité pour les humains qui veillent à travailler à une meilleure articulation entre la technique et l’authenticité. Le long-métrage démontre, dans une langue très dépouillée, éminemment poétique, que l’harmonie entre l’homme et la nature n’est pas un vain mot. Quand Sharunas Bartas ne filme pas le fleuve qui s’étend à perte de vue vers la mer avec ses tortues, ses oiseaux et ses crocodiles, il donne la parole à des femmes et des hommes qui cultivent la terre avec un respect infini pour elle.
Laguna décrit aussi avec beaucoup de pudeur la relation entre un père et sa fille. Le couple qu’ils forment ressemble à beaucoup à ce que nombre de parents peuvent vivre parfois avec leur enfant, quand les évènements les amènent à se perdre dans des lieux sublimes où plus rien ne compte que l’essentiel. Sharunas Bartas a peut-être tout perdu avec le décès de sa fille, mais justement le film qu’il entreprend raconte une reconstruction, un autre destin possible, à l’instar de ces ouragans qui défigurent la lagune mais d’où la vie renaît, inlassablement.
Laguna est une invitation au voyage et à la méditation. Le cinéaste refuse toute forme de mélodrame, de mélancolie excessive. Il filme la vie, avec ces immenses morceaux d’océan où les poissons tournent autour des nageurs intrépides. La photographie est très belle, absolument à la hauteur de ce projet de cinéma qui tente de conjuguer une expérience de reconstruction personnelle avec un essai esthétique. La lumière est absolument magnifique, et le manque de moyens techniques sur le tournage n’empêche pas de filmer les paysages et les visages avec grâce.
Les films de cette texture sont rares au cinéma. L’occasion est rêvée de se réjouir qu’il y ait encore des distributeurs et des producteurs courageux pour donner vie sur un écran à ces expériences uniques d’art et d’humanité.
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