Le consentement - Vanessa Filho - critique

Critique : Le film, adapté du livre témoignage éponyme de Vanessa Springora, qui a également participé à l’écriture du scénario, dénonce les agissements de l’écrivain Gabriel Matzneff, avec qui elle a eu une relation dès ses treize ans.
Il replace le récit dans son contexte historique. L’écrivain, célèbre et flatté partout où il passe, se vente de ses relations avec de jeunes filles. Ses aventures sont même au cœur de ses écrits. Pompeux, pontifiant et se prenant, sans aucune modestie, pour une sorte de Victor Hugo des temps modernes, il croit que tout lui est acquis et s’estime totalement intouchable, quoi qu’il fasse. Vanessa, la jeune fille, intelligente mais n’échappant pas à la naïveté de son âge, élevée seule par une mère (Laetitia Casta) elle-même un peu perdue, va se révéler une proie facile pour Matzneff.

Copyright Moana Films/Windy Production

Le long métrage avec beaucoup de retenue et de pudeur, sans pour autant occulter l’horreur liée à la pédophilie (certaines scènes sont très difficiles), dresse les deux portraits forts d’un prédateur et de sa victime portés par l’excellente interprétation de ses acteurs. Kim Higelin, petite-fille du chanteur, dont c’est la première apparition au cinéma, est bouleversante de naturel dans ce rôle complexe et délicat. Jean-Paul Rouve, qui peut passer d’un registre à un autre, de la comédie familiale au drame le plus noir, réussit à être glaçant, depuis sa silhouette d’homme qui s’entretient, s’écoute parler et jusqu’à sa gestuelle manéèrée totalement étudiée. Laetitia Casta, dans le rôle secondaire, mais néanmoins difficile de la mère, est elle aussi tout à fait étonnante.