Le 19 octobre 2025
Si l’adaptation du roman du nobellisé Kazuo Ishiguro est assez remarquable, les confusions du scénario égarent le spectateur dans un rythme parfois soporifique.
- Réalisateur : Kei Ishikawa
- Acteurs : Fumi Nikaidō, Suzu Hirose, Tomokazu Miura, Yoh Yoshida, Camilla Aiko, Kouhei Matsushita, Lynette Edwards, Rie Shibata
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Japonais, Polonais
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 2h03mn
- Titre original : Tōi Yama-nami No Hikari
- Date de sortie : 15 octobre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Royaume-Uni, 1982. Une jeune Anglo-japonaise entreprend d’écrire un livre sur la vie de sa mère, Etsuko, marquée par les années d’après-guerre à Nagasaki et hantée par le suicide de sa fille aînée. Etsuko commence le récit de ses souvenirs trente ans plus tôt, lors de sa première grossesse, quand elle se lia d’amitié avec la plus solitaire de ses voisines, Sachiko, une jeune veuve qui éduquait seule sa fille. Au fil des discussions, l’écrivaine remarque une certaine discordance dans les souvenirs de sa mère… Les fantômes de son passé semblent toujours là - silencieux, mais tenaces.
Critique : La lumière pâle sur les colline, bordée par un fleuve rutilent, c’est ce qui reste des bombardements américains sur Nagasaki. Tout le reste sent une fin de monde, avec des familles qui ont survécu et tentent jour après jour de se reconstruire un destin. Voilà ce qu’Etsuko a laissé de sa jeunesse japonaise, maintenant qu’elle habite en Angleterre, assaillie par le suicide de sa fille aînée, et qu’elle s’apprête à vendre la maison de campagne qui l’a accueillie lors de son exil. Lumière pâle sur les collines s’annonce donc comme un film nostalgique, qui alterne entre le présent de la narratrice, et ce passé douloureux où il a fallu se relever à cause des décombres laissées par la guerre.
L’alternance entre deux temporalités est un effet de cinéma assez répandu, sinon que le réalisateur de A Man, qui déjà s’amusait à brouiller les souvenirs et les identités, va au-delà d’une simple reconstitution historique linéaire. Pendant près de deux heures, le récit révèle peu à peu les personnages passés et présents, qui finissent par s’emmêler dans des figures et destins multiples. L’idée est évidemment très bonne, d’autant que le cinéma aborde trop rarement la question de la destruction de Nagasaki et du traumatisme puissant qui continue de hanter les habitants, plusieurs décennies après.

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La dimension romanesque est très présente dans la mise en scène. Le réalisateur s’attache à filmer ses personnages dans des décors à la fois très intimistes et des extérieurs somptueux. On ressent dans les mouvements très sobres de la caméra le geste d’une écriture qui prend le temps de s’arrêter sur les paysages, les objets qui vont nourrir le fil de la fiction. Le soin apporté aux costumes, aux accessoires, et à la photographie contribue à renforcer la matière romanesque du long-métrage. L’enjeu principal de la fiction demeure la question de la résilience dans un monde écrasé par les bombardements et les radiations nucléaires, qui se lisent à travers les identités mouvantes des personnages.
Le problème principal demeure la confusion narrative. Le renversement identitaire qui intervient peu à peu, au lieu de provoquer la surprise du spectateur, finit par générer une sorte d’épuisement. Car le format aurait mérité à plusieurs reprises d’être raccourci, même si on comprend bien que le réalisateur suit à la lettre le déroulement du roman de Kazuo Ishiguro. On sait la grande difficulté d’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma et il faut reconnaître que le réalisateur s’y prend à merveille. Maintenant, par bien des aspects, le long-métrage manque de rythme et le brouillage des lignes narratives renforce ce sentiment de lassitude. Lumière pâle sur les collines est loin d’être un mauvais film, mais semble encore dans un état d’inachèvement.
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