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Le 30 septembre 2014
Le premier film de Panfilov est un film engagé questionnant la révolution russe, à la fois émancipatrice et violente. Mais c’est aussi un film poétique.


- Réalisateur : Gleb Panfilov
- Acteurs : Inna Tchourikova, Maïa Boulgakova, Vladimir Kachpour
- Genre : Drame
- Nationalité : Russe
- Editeur vidéo : Potemkine
- Durée : 1h35mn
- Titre original : V ogne broda net

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Léopard d’or au festival de Locarno (1969)
Sortie DVD : le 7 octobre 2014
Le premier film de Panfilov est un film engagé questionnant la révolution russe, à la fois émancipatrice et violente. Mais c’est aussi un film poétique.
L’argument : Juillet 1918. Une jeune infirmière dans un train de l’Armée rouge tente d’échapper à l’horreur de la guerre civile en peignant.
Notre avis : Pas de gué dans le feu est le premier film d’un grand réalisateur, Panfilov. C’est aussi un film où on découvre Inna Tchourikova, actrice fétiche de Panfilov, sa muse, sa femme. C’est une actrice incroyable qu’on ne peut pas oublier. Si le monde avait été plus juste avec l’œuvre méconnue de Panfilov, elle serait entrée dans l’imaginaire collectif des cinéphiles. Dans ce film elle incarne Tania, une aide-soignante. Ce qui ressort surtout de ce personnage, c’est son innocence, à la limite de l’idiotie. On pense au personnage joué par Giuletta Masina dans La strada. On pense aussi à L’idiot de Dostoïevski qui est l’archétype du genre. Hélas il y a une constante dans ce genre d’histoire, c’est que l’innocence, la bonté ne suffisent pas à sauver le monde. Il n’y a pas de gué dans le feu : il n’y a pas de demi-mesure. En période révolutionnaire il faut s’engager pleinement dans la révolution. Le personnage de commissaire politique incarné par l’acteur fétiche de Tarkovski, Anatoli Solonitsyne, doute beaucoup à cause du flot de violence généré par la révolution. Il fait le choix de retourner au front. Ça ressemble à un sacrifice opéré au plus près du principe de la révolution pour faire taire le doute. Dans cette période troublée, Tania s’émancipe. Elle découvre l’art. Elle a un talent certain de peintre naïf. Elle représente les horreurs de la guerre. Là le film interroge le statut de l’artiste par rapport au réel. Doit-il être au-delà de la violence du monde ? Doit-il prendre parti ? Mais peut-être que le monde finalement ne laisse pas vraiment le choix ? On ne pourrait donc pas ne pas choisir ? On pourrait dire que le film défend cette thèse mais en disant cela on prendrait alors le risque de le faire passer pour ce qu’il n’est pas : un film de propagande. Car il n’y a rien de rigide dans Pas de gué dans le feu. Au contraire, le film brille par sa finesse d’analyse psychologique, son intelligence. C’est un questionnement plus qu’une réponse. Certes on peut deviner l’avis du réalisateur, mais le film reste ouvert. Les personnages sont de grands personnages de cinéma. Et puis il y a un ancrage dans le réel qu’on trouve souvent chez les artistes russes et qui est une préoccupation majeure de Panfilov. Ça donne des images grandioses : un train rempli de blessés qui traverse le pays, un infirme qui fait bouillir du linge, des soldats qui chantent, des scènes de séduction au bord d’un fleuve, l’immensité russe. Cette attention de tous les instants donnée pour la vie, dans ce qu’elle a de plus magnifique et de plus horrible n’est rien d’autre que la marque d’un grand artiste. Pas de gué dans le feu est la preuve qu’un film peut être à la fois engagé et poétique.
Galerie photos
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