Rumba la vie - Franck Dubosc - critique

Critique : Le deuxième long métrage réalisé par Franck Dubosc est assurément calibré pour le succès, surfant sur la vague des films résilients qui polluent depuis de nombreuses années le cinéma français, tous genres confondus. L’histoire repose sur un argument d’une très mince épaisseur, dupliqué un certain nombre de fois dans l’histoire de la comédie sur grand écran : en effet, la figure du père, trop longtemps séparé de ses enfants, qui ressurgit sous une fausse identité, occupe un large spectre scénaristique qui va d’Itinéraire d’un enfant gâté à Madame Doubtfire. Ici, ce nouvel avatar a les traits d’un conducteur de car misanthrope et plutôt beauf, flanqué d’un ami réduit à sa fonction de pur adjuvant.

Copyright Arnaud Borrel - 2022 GAUMONT - POUR TOI PUBLIC PRODUCTIONS – TF1 FILMS PRODUCTION – UMEDIA

Darroussin lui offre quelques expressions réjouies, compatissantes ou résolues, en fonction des situations où, jamais pris en défaut, il est chargé de guider son pote sur le droit chemin. Une autre voisine, incarnée par Marie-Philomène Nga, complète le trio avec de semblables intentions, nourries de quelques aphorismes-slogans qui semblent sous-titrer le film tout entier. On ne glosera pas sur la philosophie implicite de cette histoire : là encore, il suffit de traverser tout le prisme de la comédie à la française depuis vingt ans, de Dany Boon à Toledano/Nakache, pour constater cette obsession du "vivre-ensemble", véritable carburant du feel good movie. Même Michel Houellebecq, inattendu médecin de trois scènes amusantes, ne semble pas si discordant dans cette fantaisie un peu trop sucrée.

Copyright Arnaud Borrel - 2022 GAUMONT - POUR TOI PUBLIC PRODUCTIONS – TF1 FILMS PRODUCTION – UMEDIA

Franck Dubosc n’est pas Dino Risi, ne cherche rien d’autre que le tendre divertissement, quitte à estomper les outrances de ses prestations passées, sur scène ou sur grand écran. Bonne nouvelle : son humour y gagne, profitant de séquences plus étirées et silencieuses, parvenant même, parfois, à rappeler l’humour absurde d’un Tati (on mentionnera l’astucieuse gag de la sonnette dont le bruit se prolonge, retardant l’échange entre deux protagonistes). Cette immixtion d’un rire plus discret dans un océan de bons sentiments est sans doute une piste à explorer. Si Dubosc parvenait à se défaire du tout-venant des comédies bon teint au parcours balisé pour lâcher la bride à son inventivité comique, il suivrait assurément une voie intéressante.