Si c’était lui... - La critique

Sur la rencontre improbable de deux classes sociales, Anne-Marie Etienne signe une comédie sentimentale sympathique et sincère quoique malhabile.

L’argument : Valentin, un jeune homme à l’humour désespéré, a tout perdu : sa petite amie, son job et son appartement. Il squatte chez un oncle absent dans les beaux quartiers. Sur le même palier, Hélène et son fils Jérémy. Forte et indépendante, Hélène, auteur à succès, pourfend à travers ses livres les inégalités sociales et tous les à priori.
Entre eux, un chat qui va et vient, un fils en quête de père, une sœur en quête d’amoureux, un éditeur coincé mais aussi ce qu’on ne dit pas, ces différences qu’Hélène tend à dénoncer et auxquelles nos deux personnages vont se cogner pour doucement se rapprocher et peut-être se rencontrer.

Notre avis : Si c’était lui, conte de fée moderne et parisianiste, marque la rencontre improbable entre deux mondes. Celui de la bourgeoisie de l’ouest parisien, et celui des miséreux en galère. C’est de là que vient Valentin, un SDF en quête de dignité qui va regrimper les échelons sociaux en accédant au coeur d’une mère célibataire, placé très haut dans la société.
Sous couvert de comédie sentimentale, Anne-Marie Etienne prend le temps d’observer le rapport entre les classes. Sujet tristement d’actualité, en particulier en cette saison, qui renvoie à l’image contrastée de Paris. La cinéaste pose des questions. Simples et simplement. Est-il possible de vivre une histoire sentimentale au-delà des barrières de son milieu social ? De quelle manière convient-il d’aider les plus défavorisés sans franchir les limites de l’assistance ? Et, pour y répondre, elle nous propose le personnage d’Hélène. Celle-ci, au contact de Valentin, apprend à se détacher de son austérité de convenance pour aller vers plus de spontanéité, de drôlerie, d’humanité. Carole Bouquet, pétillante dans son interprétation de bourgeoise quinquagénaire, ne boude pas son plaisir. Marc Lavoine non plus. Le chanteur reprend plaisir à s’adonner à la comédie après Le coeur des hommes 2, même si, plus cabotin, il en oublie parfois la justesse. Un manque d’incarnation et un jeu somme toute trop calibré qui n’est pas sans faire écho à la réalisation plan plan d’Anne-Marie Etienne.
Car si son film pèche, c’est sur la forme. La caméra policée et sans envergure de la réalisatrice à la fâcheuse tendance à nuire à son propos. Tout comme la bande-son qui manque ponctuellement de pertinence dans son utilisation. A cela viennent s’ajouter d’agaçantes maladresses d’écriture - comme l’usage excessif du langage jeune qui paraît ici d’un modernisme artificiel.
Toutes ces fausses notes ternissent peu à peu la projection de ce film divertissant aux intentions louables et sincères. C’est dommage ; les acteurs semblent s’y plaire - et nous plaisent, Carole Bouquet et Florence Foresti en tête. La première interprétant ici une cousine du délicieux personnage qu’elle incarnait dans Travaux, déjà une comédie sociale. Mais autrement plus aboutie.
La dernière partie, à tiroirs, ne relève pas le niveau tant elle est expédiée, et achève de nous en convaincre : si pour Hélène c’est peut-être lui, ce film ne sera en tout cas pas le nôtre.