Le 16 juin 2025
Un premier long métrage prometteur, proposant un récit délicat sur l’enfance, et une critique en filigrane de la dictature. Efficace et généreux.


- Réalisateur : Hasan Hadi
- Acteurs : Baneen Ahmad Nayyef, Sajad Mohamad Qasem, Waheed Thabet Khreibat
- Genre : Drame
- Nationalité : Irakien
- Distributeur : Tandem
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 4 février 2026
- Festival : Festival de Cannes 2025

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Résumé : Dans l’Irak de Saddam Hussein, Lamia, neuf ans, se voit confier la lourde tâche de confectionner un gâteau pour célébrer l’anniversaire du président. Sa quête d’ingrédients, accompagnée de son ami Saeed, bouleverse son quotidien.
Critique : Lauréat de la Caméra d’or (qui récompense le meilleur premier long métrage du Festival de Cannes), The President’s Cake a également reçu le Prix du public à la Quinzaine des Cinéastes 2025. Son réalisateur, Hasan Hadi, de nationalité irakienne, est par ailleurs professeur associé de cinéma à l’université de New York. Le scénario est directement inspiré de son enfance, lui qui a grandi en Irak, était écolier lors de la guerre du Golfe, en 1990, et s’est vu confronté à certains des problèmes rencontrés par ses jeunes protagonistes. Lamia, une petite fille qui vit dans les marais mésopotamiens, a été tirée au sort dans sa salle de classe pour préparer un gâteau en l’honneur de l’anniversaire de Saddam Hussein. Son camarade Saeed est quant à lui chargé de ramener un plateau de fruits. Les deux enfants ont quelques jours pour accomplir leur mission. Mais les denrées qu’ils doivent trouver sont rares et chères, dans un contexte de pénurie due à la guerre et l’embargo international... Le récit est donc basé sur une question hypothétiquement absurde et pourtant historiquement cohérente : comment un dictateur mégalomane en quête de légitimité a-t-il été amené à mettre en danger (physiquement, matériellement) son propre peuple, et ce pour satisfaire son ego ?
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Hasan Hadi a pu déclarer dans le dossier de presse : « Pour mon premier long-métrage, je voulais aborder un sujet, un univers, une époque et des personnages qui m’étaient familiers. J’étais déterminé à me servir de cette matière intime pour en tirer un film sur cette période de l’Irak – pour montrer le quotidien des gens, mais surtout pour mettre en valeur la force de l’amour et de l’amitié. Ce n’était pas évident et je savais que les défis seraient immenses : un film d’époque, avec des enfants, des non-professionnels, des foules à diriger... Mais j’ai eu le sentiment que ce projet m’était destiné. » Force est de reconnaître que le sujet est prenant, le récit de ces deux enfants nous plongeant dans une société irakienne fracturée, où la noirceur peut imprégner chaque coin de rue, chaque bâtiment administratif : commerçants cupides abusant de la faiblesse de leurs clients, policiers corrompus criant leur mépris envers les paysans, soignants dépassés acceptant des pots-de-vin pour nourrir des malades nécessiteux... En même temps, des espaces de solidarité se créent, à l’image des tentatives de ce passant attentionné pour secourir et accompagner une vieille femme malade.
Le cinéaste en fait ne force pas sur le misérabilisme et parvient à donner à plusieurs séquences le souffle de certains films axés sur l’enfance meurtrie par la guerre et ou la misère, du Voleur de bicyclette à Où est la maison de mon ami ? en passant par Jeux interdits. En filigrane, la critique sociopolitique, discrète mais réelle, est aussi mordante que dans Mon gâteau préféré, où un cake (préparé celui-ci avec amour plus que par devoir) servait également de MacGuffin pour des personnages victimes du totalitarisme. Sur le plan de la mise en scène, The President’s Cake ne manque pas d’atouts, avec des choix cohérents : une photo soignée sans être « jolie, » une volonté de modifier certains aspects de l’écriture au gré du tournage (la fatigue des deux enfants acteurs explique le silence des personnages en remplacement des dialogues, en fin de narration). Pour autant, le film peut par moments paraître trop consensuel et pas assez audacieux, comparativement à des longs métrages primés à la Caméra d’or, de la trempe de Stranger than Paradise ou Les bêtes du Sud sauvage. Malgré cette réserve, The President’s Cake est une oeuvre prometteuse et généreuse.
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