Notre avis : Madeleine de Boysson est violoniste et c’est, sans nul doute, la raison pour laquelle son premier opus, un recueil de poèmes intitulé Turbulence, est empreint d’une profonde musicalité, d’un indéniable lyrisme et d’un réel sens du rythme. Née en 1996, elle a commencé le violon à six ans, à peine deux ans avant de se mettre à écrire, de courtes pièces au départ, comme un journal intime, parce qu’elle rencontrait alors, confie-t-elle, des difficultés à s’exprimer.
Cependant, les plus anciens poèmes qui figurent dans le recueil datent de l’époque de ses douze ans, une période où s’est arrêtée, pour elle, une vie qu’on aurait jadis dit de bohème, et qu’elle menait au sein d’une famille itinérante : une période marquée, de surcroît, par les affres de l’adolescence auxquelles font référence le titre de l’ouvrage, Turbulence, tandis que l’ordre des poèmes, qui n’est manifestement pas celui de leur composition, retranscrit la confusion qui peut régner dans l’esprit d’une jeune femme, dont l’existence se retrouve brutalement bousculée. On ne peut d’ailleurs, en lisant le recueil, s’empêcher de songer aux premières pièces des Cahiers de Douai, qui, quoique d’une facture très classique, laissaient déjà présager tout le talent d’Arthur Rimbaud.
De fait, certains poèmes portent la marque des écrits de jeunesse, et Madeleine de Boysson dit les avoir publiés uniquement pour qu’ils ne soient pas perdus. Mais la versification est fluide, les images toujours justes et le style, quoique direct et minimaliste, évite toute facilité. Turbulence nous donne ainsi à découvrir, à mesure que s’égrènent les pièces, le cheminement d’une poétesse en train de trouver sa voix.