Le 18 novembre 2025
Turn Me On est une dystopie d’une froideur maîtrisée, où Michael Tyburski interroge avec une élégance troublante le prix à payer pour renoncer à nos émotions. Un film lent, beau et oppressant, qui rappelle avec force que ressentir - même trop- reste notre dernier bastion de liberté.
- Réalisateur : Michael Tyburski
- Acteurs : Luke Kirby, Nick Robinson, Bel Powley, Justin H. Min, Nesta Cooper , D’Arcy Carden, Patti Harrison
- Genre : Comédie, Science-fiction, Romance, Dystopie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UniversCiné
- Durée : 1h39mn
- VOD : UniversCiné
- Festival : Festival San Sebastian 2024
L'a vu
Veut le voir
– En VOD sur UniversCiné à partir du 17 novembre 2025
Résumé : Dans un futur aseptisé, l’entreprise OurFriends garantit une existence parfaitement stable en supprimant toute émotion humaine. Lorsque deux membres du programme commencent à percevoir les limites et les failles de ce monde trop lisse, l’ordre établi vacille.
Critique : Turn Me On de Michael Tyburski imagine un monde où l’humanité a renoncé à son tumulte intérieur. Plus de colère, plus de tristesse, plus de joie – plus rien qui déborde, dérange, bouleverse. L’entreprise OurFriends promet la paix absolue, un soulagement permanent – et le prix à payer n’est autre que l’abolition de toute émotion. Dès les premières images, la dystopie s’annonce avec une sobriété glaçante : pour entrer dans ce nouveau modèle de vie, les clients doivent accepter de brûler leurs affaires personnelles les plus chères et les souvenirs qui y sont liés. Ainsi, toute trace du passé est effacée et le nouvel arrivant repart à zéro comme une machine fraîchement réinitialisée. Un partenaire de vie lui est assigné – avec qui il n’aura jamais aucun contact physique –, ainsi qu’une fonction, un foyer et, à terme, un enfant conçu pour s’intégrer à ce système où la neutralité est devenue une vertu cardinale.

- © 2024 Truant Pictures. Tous droits réservés.
Bel Powley et Nick Robinson livrent ici une performance louable : leurs visages lisses, leurs gestes mesurés, leur voix presque monotone composent une partition d’où toute émotion a été méthodiquement retirée. Leur jeu, précisément parce qu’il se tient au bord du vide, crée une tension permanente. Le spectateur se retrouve à guetter la fissure, l’étincelle, la micro-expression interdite qui annoncerait la résurgence du vivant.
Chaque matin, les personnages avalent la même pilule avec le même smoothie pastel ; chaque jour, la même question rituelle, lancinante, revient : « Are you content ? ». Une formule d’apparente bienveillance qui, en réalité, martèle la règle fondamentale : ne rien ressentir, se maintenir dans une satisfaction constante et parfaitement contrôlée. Les décors, magnifiques dans leur froideur, dessinent un univers en parfaite résonance avec le jeu des acteurs : lignes impeccables, couleurs étouffées, silence absolu où la moindre respiration paraît presque inconvenante.

- © 2024 Truant Pictures. Tous droits réservés.
Le rythme volontairement lent du film devient un outil narratif à part entière. Il laisse le temps d’observer, de ressentir ce manque de ressenti, de s’enfoncer dans cette atmosphère où la sérénité imposée tourne peu à peu à l’oppression douce. Michael Tyburski ne cherche pas le spectaculaire, mais la sensation continue d’un monde trop lisse pour être acceptable. Et petit à petit, dans cette monotonie parfaitement orchestrée, se dessine l’idée que ressentir – même mal, même fort – est peut-être la dernière forme de liberté qui vaille encore la peine d’être défendue. Une vérité que les personnages principaux découvriront eux-mêmes au prix de risques qui pourraient bien les briser.
Turn Me On devient alors un hommage discret mais puissant à tout ce qui déborde : les peines qui réveillent, les joies qui submergent, les désirs, les doutes, les manques. Un film qui, sous son apparente tranquillité, murmure la nécessité absolue de l’émotion, et nous rappelle à quel point elle constitue le cœur battant de notre humanité.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.




















