Le 18 mai 2025
Grandeur et décadence d’un jeune sans domicile fixe et toxicomane anglais dans un film qui démontre avec brio la difficulté majeure pour recouvrir une insertion durable.


- Réalisateur : Harris Dickinson
- Acteurs : Amr Waked, Frank Dillane, Megan Northam, Karyna Khymchuk, Shonagh Marie
- Genre : Drame social
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 11 février 2026
- Festival : Festival de Cannes 2025

L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, Un Certain Regard
– Cannes 2025 : Prix du meilleur acteur Un Certain Regard pour Frank Dillane, Prix FIPRESCI
Résumé : À Londres, Mike vit dans la rue, va de petits boulots en larcins, jusqu’au jour où il se fait incarcérer. À sa sortie de prison, aidé par les services sociaux, il tente de reprendre sa vie en main en combattant ses vieux démons.
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Le cinéma a souvent de merveilleux qu’il éclaire sur le monde. En l’occurrence, Harris Dickinson, que l’on a connu comme acteur dans Sans filtre ou Babygirl, s’attaque à un sujet complexe, celui des tentatives d’insertion sociale d’un jeune SDF anglais, toxicomane, qui doit affronter une enfance difficile, des carences dans les apprentissages sociaux et scolaires, un rapport pathologique à la dépendance, et tout cela avec les moyens très limités mis en place par les services sociaux britanniques pour y répondre. Nous ne sommes pas non plus dans le cinéma de Ken Loach car le réalisateur choisit de livrer un portrait absolument sensible d’un jeune homme abîmé par l’existence et qui lutte au mieux de ses forces pour recouvrir une existence normale. Pas de misérabilisme social dans ce film qui se distingue du mélodrame en usant sans complexe de la métaphore et de la poésie pour donner une hauteur inattendue au récit.
- Copyright Devisio Pictures
Urchin est avant tout une opportunité magique qui est donnée au comédien Franck Dillan pour montrer toute la palette de son talent. L’acteur donne vie à un être complexe, lumineux et sombre, déterminé parfois, abattu à d’autres moments, touchant et détestable à la fois, qui lutte avec force pour recouvrir une vie normée avec un lieu pour dormir, un boulot et un minimum de relations sociales. On assiste dans son parcours à toutes les épreuves qu’impose un tel redressement, tant les espaces d’écoute, d’accompagnement manquent pour permettre aux personnes blessées de panser leurs plaies. Les individus n’ont pas le droit à l’erreur et les enregistrements ressemblant à de la relaxation qui lui ont été confiés ne remplacent en rien des entretiens d’assistance psychiatrique. Harris Dickinson lance à sa manière un débat sur les addictions et les dispositifs mis en place pour y apporter des solutions.
Il ne faut pas attendre un discours politique et militant du réalisateur. La force romanesque l’emporte sur la dimension sociétale. Harris Dickinson raconte une histoire, révèle un individu dans ses capacités et ses faiblesses, mais aussi ses désirs d’être à la hauteur d’une existence conforme. Le film va à la rencontre de personnages multiples, en illustration à une vie volatile, solitaire, et sans repère stable. Il y a ces deux femmes rencontrées dans un hôtel et qui l’emmènent passer sa meilleure soirée, ce patron qui voudrait bien l’aider mais est là aussi pour assurer un business, cette amante d’une semaine qui vit dans un bungalow, autant de petits miracles qui ne changeront pas le héros dans la durée. Mais le propos ne se veut pas désespérant. La solution est peut-être au bout de ce tunnel qui s’enroule depuis le lavabo de sa chambre jusqu’à une clairière lumineuse et verdoyante.
- Copyright Devisio Pictures
Rien de lourd dans ce long-métrage. La réalisation s’attache à une grande fluidité des émotions, le cinéaste de fait pas de simagrée au risque peut-être d’une mise en scène un peu classique et sage. Mais l’humanité qui se dégage des personnages gagne sur tout le reste, atteignant dans les relations entre les personnes, une forme de merveille.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.