Vent mauvais

Premier long métrage intrigant puis décevant. Dommage que ce Vent mauvais finisse par s’essouffler.

L’argument : Une petite ville côtière balayée par la tempête. Dépêché sur les lieux pour remettre en état le système informatique d’un supermarché, Franck Meyer, technicien en intérim et en galère, comprend bientôt que le directeur du magasin détourne l’argent des caisses. La saison n’est pas creuse pour tout le monde... Désinvolte de naissance mais curieux de nature, Franck observe, hésite, laisse venir à lui les propositions douteuses, les convoitises et les rêves d’avenir. Car de Frédérique, la jolie gérante de l’hôtel déserté, aux petits truands locaux, tous les laissé-pour-compte du coin semblent désormais attendre quelque chose de lui...

Notre avis : L’affaire commence plutôt bien. Un loser attachant (Jonathan Zaccaï, parfait) débarque dans une petite ville en pleine tempête, ambiance fin de western moderne (ça tombe bien, c’est en Normandie), la guitare hypnotique de la bande-son rappelant d’ailleurs celle de Neil Young pour le Dead man de Jarmusch. Mais, contrairement à Johnny Depp, notre antihéros n’est pas mourant, bien qu’il ne sache apparemment pas comment vivre. Il traîne ses guêtres usées tel un zombie dans un paysage désertique et froid, sublimé par une image et une lumière irréelles. C’est cet aspect fantastique, cette inquiétante étrangeté qui séduit durant la première partie du film. Les personnages semblent lessivés par la vie (plus que par la tempête), dans l’attente d’un événement capable de court-circuiter leur quotidien sinistre. La mort d’un homme et la découverte d’une magouille crapuleuse vont servir de disjoncteur. Notre intérêt grandit alors de plus en plus.
Las, à l’image de la tempête qui s’essouffle au fur et à mesure, les promesses du début s’estompent pourtant elles aussi et ne se concrétisent pas. La faute à une histoire qui s’étire péniblement vers un dénouement convenu et étrangement sage. Un manque d’audace regrettable, pallié en partie par un humour subtilement décalé qui fait mouche la plupart du temps grâce à une interprétation remarquable.
Premier long-métrage de Stéphane Allagnon, Vent mauvais est donc loin d’être une flatulence cinématographique mais ce n’est pas encore le nouveau souffle espéré du cinéma français. Tout juste une légère brise rafraîchissante. C’est déjà ça.