Le 22 juillet 2025
Coproduit par Nanni Moretti, ce film est un délicat portrait de famille, avec une tonalité semi-documentaire touchante qui prend tout son sens en fin de narration. Une agréable surprise.
- Réalisateurs : Alessandro Cassigoli - Casey Kauffman
- Acteurs : Anna Amato, Marilena Amato, Nina Lorenza Ciano, Gennaro Scarica, Vincenzo Scarica
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 23 juillet 2025
- Festival : Festival de Venise 2024, Les Arcs Film Festival 2024
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Résumé : Jasmine est coiffeuse à Naples où elle vit avec son mari et ses trois fils. Depuis le décès de son père, elle est hantée par un rêve récurrent qui accroît son désir d’avoir une fille. Malgré l’incompréhension de sa famille et au risque de tout bouleverser, elle décide d’entamer les démarches pour adopter.
Critique : Coproduit par Nanni Moretti, Vittoria a été présenté à la Mostra de Venise 2024 et dans d’autres festivals, dont celui des Arcs. Il s’agit du quatrième long métrage d’Alessandro Cassigoli et de Casey Kauffmann, auteurs des documentaires The Things We Keep, Butterfly (2018) et Californie (2021), qui tentaient d’intégrer des éléments fictionnels. La démarche est ici inversée puisque l’histoire qui nous est contée est basée sur des faits réels, et les rôles interprétés par des acteurs non professionnels, jouant d’ailleurs avec une justesse incroyable (nous n’en dirons pas plus pour ne pas spoiler ce qui nous est révélé au générique de fin…) Jasmine mène une vie réglée qu’elle partage entre son salon de coiffure et sa vie familiale, aux côtés d’un mari menuisier et de ses trois fils : un jeune adulte qui travaille avec elle, un ado collégien et un petit garçon. Elle fréquente aussi sa sœur, avec laquelle elle partage le deuil d’un père parti trop tôt. À la suite d’un rêve récurrent, lié à la mort de cette figure paternelle, Jasmine manifeste une volonté obsessionnelle : adopter une fille. Le manque d’enthousiasme de ses enfants (surtout son fils aîné, qui clame l’indifférence), la réticence de son époux et un millefeuille administratif à affronter sèment le doute en elle, surtout quand le mari décide d’acheter un nouveau local à Capri. Mais Jasmine reste accrochée à son rêve…

- © 2025 Les Films du Camélia. Tous droits réservés.
On ne saurait réduire Vittoria à un néoréalisme revisité, tant le terme a été galvaudé, pour désigner des longs métrages aussi divers que ceux de Gianni Amelio, Matteo Garrone et d’autres cinéastes, pour le meilleur (Maura Delpero avec Vermiglio) ou le pire (Paola Cortolesi pour Il reste encore demain). Pourtant, le spectateur pourrait céder à cette tentation, du fait de décors naturels (le port de Naples et ses alentours), d’un synopsis à connotation sociale et de comédiens jouant peut-être (ou presque) leur propre personnage. Et il est indéniable que les deux réalisateurs pourraient être les dignes héritiers, même en mode mineur, des Rossellini et De Sica d’antan. Toutefois, Vittoria joue sur plusieurs tableaux, à commencer par l’ambiguïté psychologique : Jasmine ne serait-elle pas une névrosée s’accrochant à une chimère illusoire ? Quelle est la teneur exacte de ce rêve qui l’incite à consulter une cartomancienne, avec la même obstination que Dominique Sanda dans Une chambre en ville ? Mais on est plus proche de Bellissima que de Rosemary’s Baby, et le mystère ésotérique est vite dissipé…

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La grande qualité de Vittoria est en fait dans son sens de la nuance et sa capacité à déjouer les clichés. On pourrait penser avoir affaire à un énième récit néo-féministe sur l’aliénation de la femme dans une société patriarcale (et il est clair que les hommes, égoïstes et peu enclins à l’empathie, n’ont pas le beau rôle a priori). Pourtant, le propos est tout autre et Vittoria se présente très vite comme le film des solidarités familiales… Trop peut-être aux yeux de certains, qui y verront un glissement vers le sentimentalisme, une petite fille apeurée à qui l’on fait passer un test de compétence cognitive ne pouvant laisser le public de marbre. Ce serait un procès injuste, Alessandro Cassigoli et Casey Kauffmann assumant de jouer la carte de l’émotion, mais sans tomber dans le piège lacrymal, au prix certes de quelques invraisemblances médico-sociales (le comportement du personnel de l’orphelinat). Vittoria est en fin de compte un film très estimable sur le thème de l’adoption, là où Holy Lola de Bertrand Tavernier abusait d’une démarche démonstrative. Cette œuvre pudique, sensible et intelligente mérite donc bien le détour.
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