Le 5 février 2025
Un thriller nuancé et en écho direct avec les défis journalistiques contemporains. En bref, un bon film.


- Réalisateur : Tim Fehlbaum
- Acteurs : Ben Chaplin , Zinedine Soualem, Peter Sarsgaard, John Magaro, Leonie Benesch
- Genre : Drame, Thriller, Historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h35mn
- Titre original : September 5
- Date de sortie : 5 février 2025
- Festival : Festival de Venise 2024

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Résumé : "5 septembre" nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne restent l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otages en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l’époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier.
Critique : Retraçant avec perfection les événements des JO de Munich de 1972, 5 septembre n’est en rien une énigme. Malgré tout, le nouveau long métrage de Tim Fehlbaum parvient à créer un suspense qui ne faiblit pas, proposant ainsi un thriller réussi.
Ce n’était pourtant pas joué d’avance pour ce film venu aborder les mêmes évènements tragiques que le très bon Munich de Spielberg. Mais c’est bien là tout l’intérêt du projet : contrairement à son prédécesseur, le film ne conte pas directement l’attaque terroriste mais uniquement la gestion de crise des médias sportifs présents sur les lieux, et plus précisément celle de la chaine américaine ABC. Les journalistes, pour la toute première fois de leur carrière mais surtout de l’Histoire, se retrouvent ainsi à suivre en direct, durant près de vingt-deux heures effroyables, la prise d’otages d’athlètes israéliens en plein cœur des Jeux. Et ça marche : nous sommes plongés dans une ambiance suffocante au sein de ce quasi-huis clos reposant sur un trio d’acteurs convaincant (Peter Sarsgaard, John Magaro et Ben Chaplin) qui se retrouve malgré lui dans une totale improvisation journalistique.
- Copyright Paramount Pictures
En effet, le spectateur est rapidement absorbé par l’histoire, grâce à la réalisation abrupte et vive qui rend le film réaliste. Ce résultat est aussi dû au choix pertinent des couleurs, soit un bleu parfaitement froid au cœur de la régie de la chaine, lieu de travail acharné et de lourdes décisions précipitées, en opposition aux quelques minutes de direct de la chaîne (qui sont d’ailleurs de véritables archives) aux couleurs chaudes. Belle allusion au travail et à la pression en coulisse des journalistes, dans le film ou ailleurs, qu’on ne réalise pas forcément devant sa télévision.
Enfin, le film atteint une certaine profondeur par le biais de brèves remarques dans les dialogues, évoquant les enjeux nouveaux liés au terrorisme et à la responsabilité des médias face à ces actes criminels commis en direct. La morale des journalistes est ainsi soit mise à l’épreuve face à leur devoir d’information, soit soutenue par ce même devoir. Différentes normes sociales viennent alors s’entrechoquer et forcer les personnages à prendre des choix cornéliens. Faut-il filmer en direct la tentative policière de libérer les otages au risque que les criminels le voient également à la télévision ? Peut-on annoncer une information capitale - la libération des otages - avec une seule source, qui plus est douteuse ?
- Copyright Paramount Pictures
Il est ainsi admis que oui, ces journalistes commettent des erreurs. Mais le cinéaste ne juge pas ses personnages. il s’agit de montrer leur volonté de faire leur boulot et rien que leur boulot : informer. Face à cet événement complètement inédit filmé en direct à la télévision mondiale (neuf-cents millions de spectateurs), ils tentent comme ils peuvent de remplir leurs tâches, en gardant leur sang-froid et en tentant de faire ce qui paraît juste. Le rythme du film permet ainsi de saisir la pression subie par les journalistes sans pour autant excuser leurs décisions parfois lourdes de conséquences.
La force du film de Tim Fehlbaum est qu’il ne fait pas que prétendre adopter un point de vue, comme le faisait Cédric Jimenez dans Novembre, où seuls les stricts faits de la police française le 13 novembre 2015 nous étaient relatés. Il prend le juste et délicat parti de dénoncer les choix des journalistes, manquant parfois à leurs devoirs éthiques, tout en prenant soin d’admettre que la teneur de cet évènement inédit ne leur a pas permis de savoir comment agir, ou plutôt comment réagir. 5 septembre parvient ainsi à être un thriller nuancé et en écho direct avec les défis journalistiques contemporains. En bref, un bon film.
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