Programmation de l’Acid 2025 - Festival de Cannes
Le 21 mai 2025
Cette odyssée fascinante à travers la psyché contrariée d’un flutiste de génie et la musique expérimentale est une véritable réussite tant cinématographique que musicale.


- Réalisateur : Lauri-Matti Parppei
- Acteurs : Samuel Kujala, Anna Rosaliina Kauno, Camille Auer, Kaisa-Leena Koskenkorva
- Genre : Drame, Musical
- Nationalité : Norvégien, Finlandais
- Distributeur : Les Alchimistes
- Durée : 1h48mn
- Festival : Festival de Cannes 2025, ACID Cannes 2025

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Résumé : Pauli, flûtiste classique, retourne dans sa petite ville natale pour se remettre d’une dépression. Retrouvant une ancienne camarade de classe, il se laisse séduire par la musique expérimentale. Pauli, qui a toujours recherché la perfection, est attiré par son énergie chaotique et trouve du réconfort dans leurs expérimentations sonores.
Critique : Pauli est un jeune homme au bord du vide. Il est écrasé par une dépression sévère. Plus aucun son ne sort de la flûte traversière qui lui a pourtant valu d’être qualifié de génie dès son plus jeune âge. Il voudrait bien reprendre un concert, éprouver de nouveau l’art de la musique classique mais il est comme immobilisé. Jusqu’au jour où son chemin croise celui d’une camarade d’enfance, aussi assurée qu’il est en perte de confiance, qui va l’entraîner dans les sonorités mystérieuses et fascinantes de la musique alternative.
A Light That Never Goes Out est une aventure. Le spectateur est d’abord invité à voyager dans l’intériorité de ce jeune homme au bord du vacillement. La réalisatrice parvient à filmer la mélancolie dans une langue cinématographique d’une extrême subtilité. Elle évite le pathos et parvient à scruter le vertige qui saisit les personnes atteintes de dépression. Ses parents, ses amis s’inquiètent autour de lui, mais la détresse prend le pas sur tout le reste. L’autre voyage demeure celui de cette musique énigmatique, construite à partir de sonorités récupérées de ci de là, ou fabriquées à partir d’objets du quotidien. La rencontre avec cette âme broyée et cet univers créatif atypique va littéralement sortir Pauli de sa tristesse chronique.
- Copyright Goodtime Pictures
Le scénario et la mise en scène empruntent une très grande pudeur dans l’expression des émotions qui entourent les personnages. La jeune musicienne, pétrie d’orgueil, est persuadée de son génie, là où le garçon a perdu toute confiance en lui-même. Ce duo explosif et attachant raconte une jeunesse finlandaise prête à toutes les folies pour élever son existence. La cinéaste ne se moque jamais de ses personnages. Elle les regarde comme ils sont, avec leurs excès, leur timidité et leur désir débordant de vie heureuse. La musique est quasi permanente et accompagne dans une grâce inouïe ce récit d’une renaissance. On apprécie ainsi le refus de tout travers mélodramatique, pour se centrer sur un récit épuré, au seul service d’une jeunesse capable de créer et de réveiller le monde. La comparaison des compositions avec celles de Stravinski est un peu osée, certes, mais elle rend compte avec force de la difficulté aujourd’hui pour les créateurs d’échapper à la normalisation des goûts et des couleurs.
- Copyright Goodtime Pictures
A Light That Never Goes Out est une première œuvre de cinéma attachante et solaire. L’empathie est immédiate pour l’ensemble des personnages. Il faut dire aussi que l’interprétation de Samuel Kujala est bluffante de sensibilité et de vérité. Il se roule dans ce personnage à la fois sombre et lumineux, et surtout parvient à faire croire que la musique qui s’échappe de sa bouche ou de ses doigts est véritable. Il compose avec Anna Rosaliina Kauno un couple de création qui irradie l’écran. Il faut saluer la maîtrise absolue de la mise en scène qui parvient dans une langue dégagée de tout excès esthétique à rendre compte de la formidable énergie se dégageant de la jeunesse finlandaise.
La compétition de l’ACID 2025 nous régale de cette première œuvre de cinéma où la mer du Nord se noue dans les sonorités étranges et irrégulières de cette musique alternative. Il n’est plus question de tonalité, ni même d’atonalité, mais d’une création qui dépasse ce qu’on connaît déjà. En tout cas, quand le film se sera distribué en salles, il faudra sans hésiter acquérir la bande-son.
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