N’est-ce pas ce dont nous rêvons tous secrètement ?
Le 1er février 2018
De passage dans sa région natale, le narrateur, qui n’est autre que Philippe Besson, aperçoit au détour d’une rue une silhouette, un visage, dont la ressemblance avec son premier amour le frappe tel un coup de poignard. S’ensuit le récit de la rencontre, vingt-cinq ans plus tôt, entre deux adolescents que tout oppose : l’un, plutôt timide, est fils d’instituteur, élève studieux et lecteur chevronné ; l’autre est enfant de paysans, rebelle, charismatique et mystérieux, coqueluche des filles du lycée.
- Auteur : Eric Besson
- Editeur : Edition Juilliard
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Notre avis : N’est-ce pas ce dont nous rêvons tous secrètement ?
Retrouver son premier amour et vivre enfin ce bonheur en pleine lumière, sans mensonges.
Comme figé par le temps, l’auteur reconnaît de dos la silhouette aimée à 17 ans, télescopage improbable, invraisemblance qui le fait basculer dans sa jeunesse et libère ainsi le magnifique récit de son premier amour.
Philippe Besson ne s’est jamais caché d’aimer les hommes, scénariste et auteur de romans plusieurs fois primés et adaptés à l’écran, dont Son frère, par le trop tôt disparu Patrice Chéreau, il n’est pas à tous les coups un auteur du réel. Pourtant cette fois-ci, il semble nous dévoiler une part de sa vie intime.
Il sait depuis l’enfance sa préférence sexuelle. Au lycée, il subit les quolibets d’une société intolérante et arriérée. Différent, efféminé, peu enclin au sport, il est forcément le "pédé", mais il assume en quelque sorte l’évidence de son goût. Nous sommes dans les années Bronski Beat. Jimmy Summerville chante en voix de tête, son message Run away, turn away, run away, turn away, run away (crying to your soul). On est loin de la fierté gay. L’époque n’est pas encore prête à accepter la liberté de chacun à pouvoir disposer librement de son corps...
Le sida se transmet et tue, ajoutant de l’effroi au mépris des hétérosexuels obtus. Ces amours-là restent clandestines... forcément... dans le décor d’une province triste et grise. Le seul éclat du jour est ce garçon mystérieux qu’il convoite de loin, qu’il aime à sens unique, croit-il... jusqu’au jour de leur premier rendez-vous.
Ce roman donne à voir une de ces rencontres exceptionnelles qui façonnent et transforment le cours d’une vie, de celles que l’on n’oublie pas, même lorsqu’elles ont disparu de notre quotidien.
Rencontre entre celui destiné à un ailleurs, brillant, ouvert sur le monde, parce que tu partiras et que nous resterons, et celui qui renonce au monde et à lui-même parce qu’interdit de rébellion.
Besson nous parle d‘abandon, pas l’abandon doux et rassurant dans les bras de celui ou de celle que l’on aime, mais d’abandon face à soi-même, à sa nature profonde. De la difficulté à se défaire du poids social, des regards, des préjugés, il parle à ceux qui s’ignorent, fidèles à leurs entraves, enchaînés à leurs peurs. Boulets...
Il est des êtres qui se libèrent et d’autres qui ne le peuvent pas. A ces derniers il ne reste que l’abdication souffrante, une vie par procuration... quitte à y laisser leur peau, leur amour, l’essentiel.
Le livre interpelle et invite à se demander : Et si c’était à refaire ? Si la vie m’offrait une seconde chance avec elle, lui..., aurais-je alors le courage d’être pleinement heureux ?
- spip-bandeau
Quand j’étais enfant, ma mère ne cessait de me répéter : "Arrête avec tes mensonges". J’inventais si bien les histoires, paraît-il, qu’elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J’ai fini par en faire un métier, je suis devenu romancier.
Aujourd’hui, voilà que j’obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre.
Autant prévenir d’emblée : pas de règlement de comptes, pas de violence, pas de névrose familiale.
Mais un amour, quand même.
Un amour immense et tenu secret.
Qui a fini par me rattraper. Patrick Besson
Arrête tes mensonges de Patrick Besson (Edition Juilliard), prix Maison de la Presse 2017
Date de parution : 05/01/2017
Nombre de pages : 193 pages
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Galerie photos
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