Back soon

Une comédie drôle et attachante dépeignant avec sensibilité une marginalité teintée d’esprit bon enfant.

L’argument : Anna Halgrimsdottir vit à Reykjavik avec ses deux fils. Lassée du froid islandais, elle décide de vendre son commerce afin de pouvoir quitter l’île. Son commerce, la vente de marijuana, est plus que prospère, aussi veut-elle en obtenir un bon prix.
Le "repreneur" auquel elle va céder son téléphone portable (objet magique qui contient les coordonnées de tous ses clients) lui demande 48h pour rassembler l’argent.
Pendant ces 48 heures, Anna va se trouver entraînée dans tout un tas d’histoires ô combien islandaises ponctuées de rencontres inattendues et loufoques. Alors qu’elle sillonne l’île d’un bout à l’autre, sa maison se transforme en salle d’attente où ses clients, de plus en plus nombreux, s’impatientent de son retour.

Notre avis : Tout en restant fidèle à la veine intimiste qui l’a fait connaître (Haut les cœurs !, Stormy weather), Solveig Anspach dévoile de nouvelles cordes à son arc en s’aventurant avec ce troisième long métrage sur les terres du rire.
Les ingrédients - un téléphone portable et une oie - donnent le ton de cette comédie portée par la charismatique Anna Hallgrimsdottir (Anna), une sacrée "gueule" de son état poétesse, éboueuse et actrice au chômage en dépit du César islandais glané à la faveur du précédent film de la réalisatrice, Stormy weather. Back soon joue la carte de la diversité, agrémentant les pérégrinations d’Anna à la recherche de son téléphone aux quatre coins de l’île, dévoilant la beauté rude de l’Islande, de scènes de huis-clos dans la maison d’Anna où ses clients s’organisent en communauté pour tuer le temps en son absence. La distribution se veut elle aussi hétéroclite, faisant autant la part belle aux grandes pointures du cinéma islandais (Ingvar E. Sigurdsson, Olafur Darri) qu’aux talents nationaux (musiciens, slameur, chanteur d’opéra, poète), voire aux figures locales (le directeur de la prison et son fils !), tous figurant dans leur spécialité des clients d’Anna. Sans oublier le clown et comédien Julien Cottereau, la note française du film, en étudiant venu interviewer Anna et qui n’est pas au bout de ses surprises. Ce mélange d’amateurs et de professionnels confère à l’ensemble un côté familial très agréable, au propre comme au figuré d’ailleurs puisque les fils d’Anna dans le film le sont aussi dans la vie.
Mais sous ses airs bon enfant et une succession de gags cocasses, Back soon aborde aussi en filigrane des problèmes de société tels le suicide, l’alcoolisme ou la consommation de masse de cannabis, affirmant le style de la réalisatrice dans la comédie douce-amère. Affaire à suivre, puisqu’un second épisode qui devrait s’appeler Soon coming est d’ores et déjà écrit.

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