Le 1er juillet 2025
Un documentaire classique qui ravira les cinéphiles ayant (re) découvert l’œuvre de Bo Widerberg, et donnera à d’autres l’envie de visionner ses films.


- Réalisateurs : Jon Asp - Mattias Nohrborg
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Malavida Films
- Durée : 1h45mn
- Titre original : I huvudet på Bo
- Date de sortie : 2 juillet 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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Résumé : BEING BO WIDERBERG raconte l’histoire d’un réalisateur capital reconnu mais oublié qui, dans l’ombre d’Ingmar Bergman, est devenu le cinéaste suédois le plus influent du pays. Le film retrace la vie de Widerberg, depuis ses débuts dans les années 60, écrivain en herbe issu de la classe ouvrière de Malmö et sévère critique cinématographique du cinéma suédois contemporain, jusqu’à l’apogée de sa carrière de réalisateur, enraciné à Stockholm, primé à Cannes et à New York. Le film illustre également les conséquences de la carrière de Widerberg - ou plutôt de sa quête passionnée d’une vie intense - sur ses collaborateurs artistiques, sa famille et sur lui-même.
Critique : « Notre objectif est d’explorer la vie de ce remarquable cinéaste et de présenter son œuvre à une nouvelle génération. Nous voulons illustrer la façon dont Bo Widerberg a atteint des sommets artistiques et des fulgurances créatrices éclatantes. En outre, nous voulons mettre en lumière les conséquences de ce succès sur ses collaborateurs, sa famille, et surtout sur lui-même ». Ces propos explicites des réalisateurs, spécialistes du cinéma, éclairent leur démarche. Présenté à Cannes Classics 2025, Being Bo Widerberg sort en salles quelques mois après la rétrospective Bo Widerberg, l’essentiel proposée par Malavida : onze films représentant l’essentiel de l’œuvre de ce cinéaste encore trop méconnu, et dont certains avaient été distribués, en version restaurée, en 2020. Les spectateurs ayant (re) découvert cette œuvre se plongeront avec délices dans ce documentaire constituant un superbe « bonus ». Les autres auront envie de se plonger dans une filmographie encore trop peu explorée, même si Bo Widerberg eut son heure de gloire pendant une dizaine d’années. Le documentaire est plutôt linéaire dans son déroulement, mêlant extrait de films et archives (interviews du cinéaste à Cannes notamment). Des entretiens avec divers protagonistes sont proposés : l’entourage familial du réalisateur (ses ex, ses enfants : Nina, Martin, Johan et Matilda), des collaborateurs (Jan Troell), ses interprètes (Thommy Berggren), d’autres cinéastes suédois (Roy Andersson, Ruben Östlund).
- © Malavida
Quel que soit l’intérêt de leur témoignage (y compris concernant la vie privée de l’artiste, qui explique en partie son parcours professionnel chaotique), le plus remarquable concerne les propos des deux documentaristes concernant l’évolution de Widerberg, enfant de la classe ouvrière de Malmö devenu réalisateur adulé, oublié, puis réhabilité. Et loin d’être scolaire et académique, la présentation chronologique des films montre les capacités d’adaptation d’un cinéaste, fidèle toutefois à un style impressionniste et une volonté de développer un cinéma à la fois formellement exigeant et ancré dans la réalité sociopolitique. Trois périodes pourraient ainsi se dégager dans sa filmographie, au vu des informations du film : les années 1962-65 avec trois œuvres en noir et blanc (dont Le quartier du corbeau), assimilées au courant des Nouvelles vagues européennes ; 1967-71 avec les trois longs métrages romanesques en costumes (dont Ådalen ’31), qui marquent l’apogée de sa puissance créatrice ; le long tunnel de 1974-95 malgré le succès critique et public d’Un flic sur le toit. Comment expliquer l’oubli relatif qui a concerné le cinéaste à partir des années 80 ? Les auteurs mettent surtout en avant son caractère réputé difficile sur les tournages ainsi que des problèmes de dépression.
- © Malavida
On pourrait aller plus loin : la toute-puissance de Bergman dans le cinéma suédois, l’amnésie chronique et la paresse chez des historiens et critiques du cinéma qui associent parfois un seul réalisateur à un pays, les échecs publics et artistiques de certains projets (Victoria, 1979), des derniers films brillants mais peu en phase avec leur époque (Le chemin du serpent). La non-distribution ou la sortie tardive dans nos salles de certaines œuvres n’ont pu qu’amplifier le phénomène, quand on pense que La beauté des choses, au fort potentiel commercial, primé à Berlin et nommé aux Oscars, a dû attendre un quart de siècle avant d’être vu en France)… On aurait par ailleurs aimé, sinon une analyse critique plus fouillé des œuvres (difficile à développer dans un format documentaire), du moins une hiérarchisation dans la pourtant remarquable filmographie de Wideberg : ne pas mettre de barrière qualitative entre l’agréable Homme de Majorque et le sublime Joe Hill est regrettable. Malgré cette réserve, Being Bo Widerberg est un documentaire instructif et précieux, qui pourrait contribuer, espérons-le, à réévaluer définitivement un réalisateur majeur.
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