Critique

CINÉMA

Blood and Bones - Yōichi Sai - critique

Portrait d’un monstre

Le 11 février 2023

Kitano en monstre radical dans un film intense et audacieux.

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  • rotary 27 juillet 2005
    Blood and Bones - Yōichi Sai - critique

    Une utilisation plus que douteuse de la violence dans un drame psychologique

    Le film brosse effectivement le portrait d’un psychotique, tyran domestique et mari terrifiant. L’absence d’épaisseur psychologique des personnages est un défaut rédhibitoire sur un tel sujet. Contrairement à ce qu’écrit Romain Le Vern, le personnage de Kitano reste indéchiffrable. Pendant la majeure partie du film, sa violence pathologique ne reçoit pas d’explication. Pire, ses victimes se voient offrir à peine plus d’humanité que des punching ball. Faire d’une femme violée de manière répétée (l’épouse de Jyombion) un vague personnage secondaire installe le film dans un voyeurisme stérile, difficilement défendable. Les actes de violence et des viols perpétrés par Jyombion deviennent de simples artifices narratifs : il faut choquer le spectateur qui aurait tendance à s’endormir devant une chronique familiale peu inspirée.
    Aucune qualité formelle ne vient sauver ce projet douteux. Des erreurs de cadrages dignes d’un amateur, une lumière atroce et une bande son réduite à sa plus simple expression. Un film à éviter.

  • manonde 24 janvier 2006
    Blood and Bones - Yōichi Sai - critique

    Quel film mes aïeux !

    Takeshi Kitano campe un personnage ultraviolent, jusqu’au-boutiste, cruel, sadique... bref, tous les synonymes du mot « mauvais » que voudra bien renvoyer le dictionnaire. Il incarne ce monarque absolu qui vit selon son bon plaisir de façon incroyablement habité, avec un jeu d’une rare animalité, sans craindre de se mettre à nu, dans tous les sens du terme.

    Pour accompagner ce « Kitano show », la caméra de Yochi Sai, classique, construit une fresque sur un homme, donc, et sur un pays, la Corée, à travers les vicissitudes de l’Histoire.

    On ressort estomaqué après avoir vu « Blood and bones », un film coup de poing qui frappe l’estomac et le cœur.

  • kalyste34 14 avril 2007
    Blood and Bones - Yōichi Sai - critique

    Quand un monstre sacré, Takeshi Kitano, incarne un sacré monstre, cela donne du sang , la fresque est violente d’un homme parti de rien pour arriver nulle part. Pendant soixante ans, Kim Shun sèmera la terreur parmi les siens. Jeune immigrant coréen au Japon, son obsession de l’argent, sa violence exacerbée le condamneront à la solitude et au rejet. Le monstrerestera fidèle à lui-même jusqu’au bout : monarque absolu d’un univers où il règne à coups de trique . Il vivra selon son bon plaisir au vu et au su de tout le monde.
    Dans cette réalisation classique, Takeshi Kitano est extraordinaire dans un rôle taillé sur mesure. Brutal jusqu’à l’écoeurement, voire jusqu’à l’absurde (la scène où, foudroyé par une attaque il se frappe la jambe paralysée pour se relever et celle où, grabataire, il rassemble le peu de force qui lui reste pour tenter de battre son fils avec sa canne).
    Tout violent fût-il, le personnage principal n’en est pas moins complexe : quand il « euthanasie » sa maîtresse, c’est pour éviter qu’elle souffre plus longtemps, quand sa fille meurt, il entre dans une fureur qui le conduit à la paralysie, quand sa femme meurt à son tour, il s’approche de la procession funéraire pour mieux la snober quand on vient le chercher...
    Bref, « Blood and bones » est un film qui existe par et pour l’interprétation de Kitano.
    Il recèle quelques lourdeurs (une musique omniprésente et larmoyante) mais il figure magistralement la force destructrice de la violence d’un homme et plus largement, d’un pays.
    A voir !

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